lunes, 24 de octubre de 2011

Contributions


Comme nous l’avions annoncé lors de notre Présentation, «créer ce blog signifie également dialoguer. C'est pour cette raison que nous inclurons des collaborations d'autres auteurs qui, à travers ces notes sur l'archéologie et la diplomatie, illustrent notre seule intention: susciter en permanence un intérêt croissant envers l'Equateur».

EMMANUELLE SINARDET:

-La mort sacrificielle : « Guásinton » (1938) de l’Equatorien José de la Cuadra

-Violence et désintégration de la personnalité dans Huasipungo de Jorge Icaza (1934)

-Désir féminin et passivité dans « Barraquera » (1932) de José de la Cuadra

-Du rapt fondateur au viol destructeur: les figures du viol dans Los Sangurimas de José de la Cuadra

-La mémoire exaltée dans El Cuento de la Patria (1967) de Benjamín Carrión : L´histoire revisitée d´une équatorianité joyeuse

-La satire, arme contre la barbarie équatorienne : Las Catilinarias de Juan Montalvo

-Figures populaires et formes savantes : la quête de l´équatorianité dans El éxodo de Yangana d´Ángel Felicísimo Rojas

-La preocupación higienista en la educación

-Révolution julienne (juillet 1925 - août 1931)

-Rêves de couples, cauchemar du couple : L´incommunication dans la nouvelle féminine équatorienne contemporaine

-Paris, mythe poétique équatorien : "Desde la capital de los MalGenioS" (2000) de Telmo Herrera


Dolores Cacuango et Tránsito Amaguaña ou le combat pour la dignité humaine, la terre et l'éducation bilingue en Équateur

sábado, 22 de octubre de 2011

La mémoire exaltée dans El Cuento de la Patria (1967) de Benjamín Carrión : L´histoire revisitée d´une équatorianité joyeuse

Par Emmanuelle Sinardet
Université de Paris Ouest – Nanterre La Défense
CRIIA – EA 369 – Centre d´études équatoriennes

Source :

Emmanuelle Sinardet, «La mémoire exaltée dans El Cuento de la Patria (1967) de Benjamín Carrión: l´histoire revisitée d´une équatorianité joyeuse», in: Nicole Fourtané, Michèle Guiraud (ed.), Les réélaborations de la mémoire dans le monde luso-hispanophone, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2009, pp. 335-348.

El Cuento de la Patria de Benjamín Carrión (1) (1897- 1979), publié en 1967 à Quito, est bien plus qu´une brève histoire de l’Équateur, de sa préhistoire aux années 1960. Il se présente en réalité comme une œuvre de mémoire. Il ne prétend pas, en effet, se placer sur le registre scientifique ni proposer une nouvelle vérité historique. Au contraire, il défend la lecture traditionnelle du passé, c’est-à-dire la version que le Jésuite Juan de Velasco (1727–1792) offre de la naissance de l´Équateur dans son Historia del Reino de Quito en América meridional (rédigée dans les années 1770, l´édition complète, à Quito, datant des années 1841-1844). Cette version est justement battue en brèche par de nouvelles générations d´historiens aux méthodes de travail renouvelées et aspirant à la rigueur scientifique.

La version des origines selon le Père Velasco ancre l´équatorianité dans une communauté de valeurs remontant au Royaume de Quito, sans discontinuité ni rupture. Elle oriente la lecture de l´histoire équatorienne comme celle d´une nation fermement liée à son territoire, au XIXe siècle, alors que l´identité nationale est en germe. Elle devient le support d’une mémoire collective, articulant les principaux mythes nationaux. Aux détracteurs du Père Velasco, Carrión réplique par un conte, c’est-à-dire non seulement un récit bref, mais un récit qui fait la part belle à l´imagination, à la création ou plus exactement à la recréation, celle du texte du Père Velasco.

Comment s´effectue ce travail de réélaboration? Au service de quelle conception du devenir national et selon quelle vision de l´équatorianité? Notre travail s´efforcera de revenir sur la façon dont Carrión non seulement défend la version de Velasco mais propose une lecture encore plus merveilleuse de l´éclosion du génie national, récupérant les formes et les genres pour proposer une œuvre hybride, à la fois conte et plaidoyer en faveur de la défense de l´intégrité territoriale. À l´histoire comme activité scientifique, Carrión oppose une mémoire exaltée qu´il met au service de son projet de construction d´une nation grande par la culture.

EL CUENTO DE LA PATRIA: UNE HISTOIRE POUR RÉPLIQUER À L´HISTOIRE

Sur les pas du Père Velasco

El Cuento de la Patria se présente d´abord comme la remise en forme de la chronique des origines selon le Père Juan de Velasco, ce qui est en soi une entreprise d´affirmation d´une certaine mémoire équatorienne. En effet, le texte du Père Velasco est indissociable d´un discours identitaire qu´il a légitimé, comme en témoigne le commentaire qu´offre, aujourd´hui encore, le site de la Casa de la Cultura Ecuatoriana, fondée par Carrión en 1944:

Su formidable obra la Historia del Reino de Quito, representa el testimonio de la existencia de una identidad nacional y de la presencia de nuestro pueblo en el concierto de las Naciones Americanas ; por lo que muchos historiadores lo han calificado y con justicia como el Protohistoriador de nuestra Nación (2).

L´œuvre du Père Velasco est la première à proposer une approche systématique de la préhistoire de ce qui correspond à l´Équateur actuel. Elle repose notamment sur la transcription des légendes et mythes indiens comme sources historiques. Elle illustre à ce titre les relations ambiguës entre histoire et mémoire que dénonce en 1902 González Suarez: ce dernier rappelle que c´est à l´archéologie de percer les secrets de la préhistoire nationale, non aux mythes. En 1918, Jacinto Jijón y Caamaño et Hornero Viteri pointent scientifiquement les erreurs de l´œuvre de Velasco. Une Commission du Conseil Supérieur de l´Instruction Publique la déboulonne même de son statut d´histoire officielle en ôtant des ouvrages scolaires les pages sur la préhistoire qui reprenaient la théorie de l´existence du Royaume de Quito. Ce qui déclenche une vive polémique, opposant deux façons de concevoir le rôle de l´histoire dans la construction de la mémoire nationale.

Velasco, en effet, incarne une certaine façon d´écrire l´histoire, où histoire et mémoire se confondent. Carrión assume cette démarche qu´il applique à l´histoire moderne puis contemporaine de l´Équateur : non seulement il reprend la notion de Royaume de Quito dans les chapitres sur la préhistoire, mais il la décline jusqu´à la période contemporaine.

Comme Velasco, Carrión pose le Royaume de Quito comme un véritable État monarchique fondé autour des années 980 à l´issue des conquêtes des Caras, un peuple venu de la côte, et ayant pour capitale Quito, établie sur l´emplacement de la Quito actuelle. La construction d´un empire scyri s’ensuit (3). Selon Velasco, le Royaume de Quito non seulement existe, mais il s´inscrit dans la continuité. Cette continuité survit aux invasions incas. En effet, si les Scyris sont défaits militairement, leur résistance est telle que l´Inca Huayna Cápac opte pour la conciliation et épouse la princesse Paccha, l´héritière scyri. De cette façon, la lignée scyri se confond avec celle de l´Inca. De cette union naît le courageux Atahuallpa, prince de Quito, qui remporte, à l´issue d´une guerre contre son demi-frère Huáscar, le trône inca.

Carrión poursuit ensuite la démonstration d´une continuité territoriale équatorienne, en insistant sur l´importance de Quito comme centre de pouvoir durant l´époque coloniale, puis la période républicaine, jusqu´à la période contemporaine. Il assume ainsi la lecture militante, nationaliste, de l´œuvre du Père Velasco: l´Équateur existe comme nation depuis le Xe siècle. C´est à ce titre également qu´elle doit être considérée comme une grande nation culturelle, qui n´a rien à envier aux puissances européennes.

C´est là le projet d´une vie. Écrivain, poète, essayiste, juriste, diplomate, homme politique, Carrión met son énergie au service de l´édification d´une nation noble et fière, digne de participer au concert des nations, et qu´illustre la fondation de la Casa de la Cultura Ecuatoriana en 1944: «si no podemos, ni debemos, ser una potencia política, económica, diplomática y menos -¡mucho menos!- militar, seamos una gran potencia de la cultura, porque para eso nos autoriza y nos alienta nuestra historia (87)». Cette grandeur, selon Carrión, puise dans un passé glorieux qu´incarne la continuité quiténienne comme capitale culturelle.

Une grande nation par la culture: le passé glorieux

C´est dans cette perspective qu´il faut lire le chapitre au titre intrigant, qui invente un secret à percer, «El enigma de Quito». La capitale est porteuse d´une âme séculaire que El Cuento de la Patria s´emploie à déchiffrer, une âme unique, originale, qui fait sa grandeur. Elle repose sur une culture millénaire enrichie des apports de l´Europe, dont témoignent l´architecture et les arts de cette «Florencia en los riscos andinos (90)». Simultanément, cette représentation de Quito permet la valorisation du métissage que Carrión considère comme le propre de l´équatorianité. Car elle permet la récupération valorisante du passé indien: «Sin que podamos alegar nostalgias ancestrales, -como en las zonas mayas- a pesar de eso, la deslumbrante realidad del arte ecuatoriano, generalmente quiteño, nos ha comprobado hasta el exceso, la capacidad del indio de estas latitudes (201)».

Le texte se présente alors comme une entreprise d´anoblissement de la nation. «Este fraile nos señala nuestro primer antepasado femenino: las Amazonas (125-165)» insiste Carrión dans le chapitre «Pueblo hijo de mujer». Il prend ainsi le contre-pied de l´histoire scientifique, une histoire qui explique le métis comme un bâtard. Le cholo équatorien ne descend pas de femmes violées, méprisées, avilies, mais d´une figure maternelle noble, courageuse, guerrière, l´Amazone:

Qué orgullo se siente, gracias al padre Velasco, el sentirnos así aproximados a los pueblos más antiguos e ilustres de la historia. (...) Así nos sabemos miembros de la comunidad humana universal, y no simplemente el producto de una bastardía lamentable, como pretenden los „historiadores sesudos y documentados“ : la bastardía de unas indias seducidas por unos extranjeros salaces que satisfacían sus apetitos sensuales, importándoles poco si esa satisfacción iba o no a producir el mestizaje (79-80).

À la vérité historique, Carrión oppose le mythe pour expliquer que si l´Équateur est un peuple de grands hommes, c´est qu´il est un peuple de grandes femmes. L´esprit des Amazones anime Paccha, la reine scyri et épouse de l´Inca, Manuela Cañizares, Manuela Sáenz ou encore la Sainte de Quito, Mariana de Jesús. Ces figures féminines pointent une même équatorianité, fière et courageuse, et contribuent à concevoir le métissage comme un lignage racial et spirituel valorisant: «Quién sabe, me digo yo, si en ese episodio mágico de las Amazonas, estaba prefigurado el destino de mi patria, el Ecuador (101)».

La démarche de Carrión se présente comme contradictoire. En effet, il prétend «cavar en el pasado (...) para descubrir la verdad de lo que somos (201)». Mais cette recherche n´a rien d´historique: elle se base sur le merveilleux, sur les mythes et légendes. Cette opposition entre mémoire et histoire est pleinement assumée: «El Padre Velasco es mi seguro guía, por esta velascolandia que es la historia primitiva de mi patria (97)». Il voit d´ailleurs dans l´œuvre du Père Velasco une fiction:

El primer historiador nuestro – lo he llamado también, ante la incomprensión de ignaros – el primer novelista ecuatoriano, es, sin discusión posible el padre Juan de Velasco. Jesuíta imaginativo, fabulador, que ha querido darle a este país alguna ejecutoria mayor que aquello de ser un país en la mitad del mundo, que nos achica, que nos achola, que nos coloca bajo de la cama (125-126).

Ce n´est pas l´Histoire mais l´histoire fictionnalisée qui sert la mémoire et, partant, l´identité nationale. Car elle permet la création de référents positifs:

Este país en la mitad del mundo (...) no es comarca mostrenca, inventada a principios del siglo Diez y Nueve, por unos criollos amarquesados por merced de la Corona. Sino que viene, eterna como la bola de la tierra desde „el gran diluvio“, del que se salvara la pareja humana en una barca, lo mismo que la bíblica leyenda de Noé (97).


El Cuento de la Patria est bien le texte des origines mythiques et, à son tour, créateur de mythes. Selon Carrión, ils disent mieux qu´aucun autre discours ce qu´est le génie d´un peuple. À l’instar de l´Ancien Testament comme biographie mythique du peuple juif, El Cuento de la Patria se veut la biographie mythique de la nation Équateur.

LE CONTE DE LA PATRIE

L´exaltation du héros

Carrión assume le projet de construire une mythologie nationale afin d´affirmer un «abolengo ilustre, un abolengo histórico y legendario (79)». Au prix de la vérité historique:

La evidencia arqueológica es contundente. No hay rastros de los scyris en las excavaciones realizadas. La propia ciudad de Quito anterior a los incas no existió como tal. Apenas hay poblados muy pequeños, que no podrían haber sido el centro de un gran estado. A estas alturas de la investigación histórica, [podemos] establecer que un "Reino", como lo describe el P. Velasco no pudo existir (4).

À l´histoire factuelle, froide et scientifique, Carrión oppose un récit magnifique que les grands-mères, comme l´auteur le souhaite, narreront à leurs petits-enfants. El Cuento de la Patria, plus qu´une histoire fictionnalisée, est un conte historicisé. Carrión reprend les légendes et mythes à son compte pour les inscrire dans un contexte qui se veut réel. Il les actualise pour les poser comme des vérités, dates et énumération de lieux à l´appui. Il opère également des choix dans les faits narrés. Il s´efforce d´évacuer les faits sordides, l´exploitation du faible par le fort, pour proposer une mémoire joyeuse et légère. «Tratemos de crear La suave patria (83)», tel est l´objectif. Dans ce but, il prétend lutter contre «la tristeza», «el derrotismo inhibidor (86)».

La distorsion de la vérité historique a ainsi pour fonction de susciter parmi les Équatoriens l´optimisme et la combativité. L´esprit positif à l´œuvre doit contribuer à lutter contre le dénigrement de soi, le complexe d´infériorité, le mépris de ce qui est équatorien. L´emphase, l´exagération au profit du beau et du merveilleux qui caractérisent le travail de réécriture de l´histoire, doivent œuvrer en faveur de la fierté nationale et de la confiance retrouvée, afin de réconcilier les Équatoriens avec eux-mêmes.

Aussi Carrión construit-il des figures héroïques marquantes, comme celle de Rumiñahui, noble, vaillant, intelligent: «Demuestra que en los albores de la vida de nuestro pueblo tenemos una gesta heroica, como la de don Roldán en Francia, como la del Cid en España. Falta únicamente que en nuestros pasos, sigamos siendo dignos de ella (168)». Carrión exalte la figure du héros à travers la peinture de l´Indien, du Métis ou de la Femme équatorienne. El Cuento de la Patria devient un catalogue de héros nationaux. Il lutte contre l´image de l´Indien comme vaincu et du métis comme bâtard, nous l´avons vu. Mais cette démarche va plus loin, car elle cherche à ériger le destin national en épopée. Pour ce faire, elle ne se limite pas à la sélection de traits chez les personnages ni à l´évacuation du sordide ou du prosaïque. Elle s´appuie sur les procédés du conte.

Les procédés du conte

El Cuento de la Patria, comme le conte, est un récit de fiction assez bref qui relate au passé les actions, les épreuves, les péripéties vécues par les personnages, en l´occurrence les Équatoriens comme héros collectif, sur le mode de la «fictivité avouée» selon l'expression de Michèle Simonsen (5). Même si la narration renvoie à une temporalité historique, même si le temps est déterminé, Carrión fait fusionner les éléments du réel avec des invraisemblances. Tout est possible, les géants de Velasco comme les Amazones ou le «País de la Canela». En outre, les personnages sont monolithiques, unidimensionnels. Dépourvus de la complexité du réel, ils n'ont ni profondeur ni densité: Atahuallpa est viril, fier et courageux et ces quelques traits suffisent à son portrait.

L'univers de El Cuento de la Patria est formé d'oppositions simples, construisant les portraits par contrastes. Comme le conte, il assume une grande lisibilité. Il n´analyse jamais le contexte ni les enjeux sociaux ou économiques, mais revendique une lecture manichéenne de l´histoire qui permet de dégager ces grandes figures censées incarner le génie équatorien. Face au type repoussant du traître ou du tyran violent et ignorant, s´impose le héros pur, généreux, porté par les valeurs de justice et de liberté, Rocafuerte ou Eloy Alfaro. Ses triomphes représentent autant d´étapes dans l´affirmation de la nation Équateur. Non seulement cette affirmation se présente comme un destin, que prouve la continuité d´un esprit quiténien depuis le Xe siècle, mais elle est celle d´une personnalité originale, dotée d´une identité placée sour le signe du courage et de l´amour de la liberté.

Comme le conte, El Cuento de la Patria se veut optimiste et appelle un final heureux, présentant une vision rassurante du monde. Pourtant, comme le conte, il est violent: les meurtres, les combats, les souffrances physiques et morales sont décrits sans détour. Toutefois, la souffrance n´est pas gratuite. Elle s´inscrit dans un parcours initiatique qui permet une résolution du drame ; elle prend un sens qui permet aux personnages d´échapper au chaos et à l´absurde. C´est en cela justement que le genre du conte sert le récit de la naissance puis de l´affirmation de l´Équateur comme nation. Les guerres, la Conquête, l´esclavage, les révolutions tendent vers un aboutissement, la nation Équateur.

Car, malgré sa «fictivité avouée», le conte s'inscrit dans une communauté. Il est marqué par les valeurs et les codes qui la caractérisent. Issu de la tradition populaire, il renvoie à des éléments appartenant à la mémoire collective. Comportant souvent un aspect moral voire didactique, il s'adresse aux membres de la communauté qu’il cherche à édifier, ici autour de la notion de «La suave patria». Il assume à ce titre une fonction étiologique qui contribue à cimenter la communauté; s´agissant de notre conte patriotique, en l´occurrence, une communauté nationale. Il invite ainsi à surmonter les divisions régionales, les particularismes, l´opposition Sierra-Costa :

(…) Después del Diluvio Universal – la inundación del mundo por las Altas Aguas – en la cima de un monte fue depositada, desnuda, una pareja humana: Quitumbe, hijo de Tumbe, y Llira. En la más alta cima, engendraron un hijo, al que llamaron Guayanay, que quiere decir golondrina. Y Guayanay voló. Creció como los gigantes, pero no tan altos como ellos, y engendró hijos en las llanuras plácidas que estaban cerca, al pie del monte. (...) Después, Guayanay volvió a volar hasta las tierras bajas, cercanas al mar, y regadas por ríos mansos y caudalosos (...). En esas tierras, Guayanay – la golondrina – también engendró hijos, primero en la Isla de Puná y luego en tierra firme – en la tierra de los caciques que murieron de amor – Guayas y Quil – y más abajo, donde fundó el poblado de Tumbes, en recuerdo de su abuelo Tumbe y de su padre Quitumbe...

Y así, para que fueran hermanos para siempre, los pobladores de la sierra y el litoral ecuatorianos, nacieron hijos de la misma estirpe: la estirpe de la golondrina. Hombres de la Costa y de la Sierra, somos hijos de la pareja común, hermanos desde la leyenda, hijos de mar, montaña y río, como en el Escudo Nacional. (...) Ascendemos hasta la golondrina (106-107).

La valeur symbolique et la fonction morale du conte sont ici mises au service de l´exaltation d´une nation unie et fraternelle. Mais les fonctions didactiques ne prennent pas le pas sur le ludique : on raconte le conte pour divertir. Les personnages pittoresques, les lieux imaginaires ou idéalisés, les épreuves du héros, permettent au lecteur de s'évader du quotidien banal. Le chapitre premier «Los orígenes» instaure le mode merveilleux par une vision idyllique de l´Équateur d´avant la Conquête. La description sollicite l´imagination: «¿Ustedes han comido los mangos? ¿Y las chirimoyas y las papayas y las piñas...? (95)». C´est un Eden américain: «Graves sabios, estudiosos de la Thora, sostienen que allí había sido el Paraíso terrenal, ése que, por puro frenesí amoroso, perdieron nuestros padres : Adán y Eva (95) ». Autour du merveilleux, le divertissement rejoint la démonstration, celle d´une équatorianité heureuse et assumée, car universelle elle aussi.

MÉMOIRE ET TERRITOIRE: L´OBSESSION DU CONFLIT FRONTALIER

Carrión parle d’une «breve historia del Ecuador», mais il s’agit d’un conte historique censé galvaniser la nation. Dans quel but? À notre sens, la forme pédagogique et ludique du conte sert un projet d’instruction civique, celui de la légitimité équatorienne sur ce qu’elle considère comme son territoire. En effet, la continuité historique, la filiation spirituelle d’un Équateur uni autour de son ascendance, celle de la «golondrina», pointent une autre continuité, géographique celle-là. La première partie porte un titre révélateur de cette identité territorialisée: «Es un país en la mitad del mundo». Construire une mémoire de l’Équateur, c’est aussi et avant tout construire celle de sa géographie.

Les repères par excellence de la mémoire collective sont celle de l’intégration territoriale. L’équatorianité est associée à une supposée légitimité historique sur le sol que, dans son étude sur les mythes fondateurs nationaux, Erika Silva appelle «señorío natural» (6). Cette notion est au cœur du traumatisme de 1942 lorsque, par la signature du Protocole de Rio de Janeiro, l’Équateur cède au Pérou quelque 278.000 km2 de territoires amazoniens. La perte blesse l´identité même. D’où l’obsession, alimentée par la dictature militaire, de récupérer les territoires perdus. Enrique Ayala Mora ne s’y trompe pas lorsqu’il voit, dans la possible remise en cause de la légitimité équatorienne sur ces territoires, l’une des principales raisons de la polémique autour des théories du Père Velasco: «Se argumenta con gran fuerza que la versión de Velasco sobre el tema nos da una base para el reclamo territorial ante el Perú, puesto que prueba que nuestro país existía ya antes de la invasión inca. Muchas veces la polémica ha llegado a acusar (...) a sus cuestionadores de antipatriotas» (7).

Carrión démontre en outre que la continuité spirituelle et territoriale autour de Quito survit à la Conquête. Dès lors, l’anachronisme aidant, avec l’union de l’Inca «péruvien» et de Paccha «l’Équatorienne», Quito ne devient-elle pas un centre d’égale importance que Cuzco? De même, par l’arrivée d´Atahuallpa, le prince quiténien, à la tête de l´empire inca, le «Pérou» ne devient-il pas «équatorien» ?

El Cuento de la Patria est une forme hybride. Il relève aussi de ce genre typiquement équatorien que nous avons appelé histoire des frontières (8). Ce genre naît à la fin du XIXe de la volonté de faire avancer la connaissance de l’évolution des frontières, afin d’opposer des arguments en vue de la résolution du litige qui oppose l’Équateur au Pérou, les deux pays revendiquant leur souveraineté sur le fleuve Amazone et ses rives. Il prend un réel essor au XXe, où le gouvernement prie un spécialiste, historien, juriste, diplomate, de parfaire l’argumentation. Il se présente ainsi comme patriotique, au service de la nation, devant contribuer à préserver l’intégrité territoriale. C’est dans cette histoire spécifique que puise l’histoire officielle depuis la Révolution libérale. Ce faisant, elle pose l’équatorianité selon des repères territorialisés, où la géographie dit le pays, comme l’illustre le manuel scolaire de 1922, Cartilla Patria, vulgarisateur du genre (9). Territoire et nation fusionnent, et c’est depuis la perspective du conflit frontalier avec le Pérou que les épisodes traités par El Cuento de la Patria prennent tout leur sens.

El Cuento de la Patria se présente comme un plaidoyer nationaliste, revenant sur les épisodes susceptibles de prouver, très tôt, la légitimité équatorienne sur les territoires revendiqués. Les relations entre l’Inca Huayna Cápac et son épouse quiténienne, qu´il proclame Reine de Quito, l’illustrent pleinement:

Ella, Paccha, es el artífice de este descanso amoroso y fecundo del más grande de los incas, su esposo y Señor, El Emperador de las Cuatro Partes del Mundo, el Inca del Tahuantín-Suyo, Huayna-Cápac el Grande, la figura masculina más excelsa que hayan dado las tierras de la actual República del Ecuador. Ella, Paccha, da al inca el mejor premio : un hijo inteligente y fuerte, Atahuallpa, que si bien fue la causa – por amor – de la primera partición del Imperio, fue luego el realizador de la unificación al vencer a su hermano Huáscar, en Quicaipán (111).

Si l’Inca Atahuallpa est «équatorien», l’empire le devient également. Les prétentions territoriales péruviennes, au nom du passé inca, sont injustifiées. C’est dans cette démonstration également que s’inscrit la lutte fratricide entre le Quiténien et Huáscar le «Péruvien», sur laquelle Carrión insiste. Il s’agit là d’une lutte doublement mythique: elle renvoie aux figures bibliques de Caïn et Abel, mais aussi aux origines – selon la mémoire collective qui se tisse autour des textes du Père Velasco – de l’opposition Pérou-Équateur. Le différend naît de la jalousie de Huáscar pour Atahuallpa, que Carrión dépeint longuement comme le fils préféré de l’Inca, lui consacrant très tôt un essai, Atahuallpa, publié en 1934. Et l’auteur de répéter, après la victoire sur Huáscar: «Nuevamente se produjo la unificación del Imperio en manos del príncipe quiteño, hijo del amor, hijo de Paccha: Atahuallpa (131)» (10).

C’est encore à la lumière de la volonté de défendre les revendications équatoriennes en Amazonie qu’il faut appréhender les exploits de la Conquête. Les Conquistadors se distinguent certes par «la rapacidad y la crueldad (174)», mais Carrión s’étend peu sur cette réalité historique. Ils sont aussi et surtout les artisans de l’unité géographique et ce, depuis Quito. La seconde partie «El río de las Amazonas» évoque le courage de Núñez de Balboa découvrant, depuis Quito, l´océan Pacifique. Le chapitre «El emperador de la canela» revient sur l´exploit de Gonzalo de Orellana, la découverte du fleuve Amazone, «hazaña épica, (...) que fue realizada desde Quito y por gente quiteña (175)». À propos du Marañón, Carrión écrit même:

Y nosotros creemos que debió llamarse RÍO DE QUITO, porque de la encumbrada ciudad maravillosa, salió la expedición mandada por Orellana. Junto a los aventureros peninsulares, indios de Quito, gentes de Quito, realizaron la hazaña como lo comprueba el dicho de Fray Gaspar de Carvajal, que en la placa de mármol gigantesca, se encuentra en el cuerpo de piedra de la catedral metropolitana de Quito :

BIEN SE PODRÍA GLORIAR BABILONIA DE SUS MUROS; NINIVE, DE SU GRANDEZA; ATENAS, DE SUS LETRAS; CONSTANTINOPLA, DE SU IMPERIO; QUE QUITO LAS VENCE A TODAS POR LLAVE DE LA CRISTIANDAD Y POR CONQUISTADORA DEL MUNDO. PUES A ESTA CIUDAD PERTENECE EL DESCUBRIMIENTO DEL GRAN RÍO DE LAS AMAZONAS (98-99).

Les territoires d’Amazonie en jeu dans le différend frontalier doivent être considérés comme équatoriens, ce qui balaie les revendications péruviennes. La quatrième partie «Los hermanos enemigos» revient à son tour sur les différends entre les conquistadores, pour établir un parallèle avec la situation contemporaine. De nouveau se présente une lutte fratricide, écho de la lutte entre Atahuallpa et Huáscar. La force du mythe envahit l´histoire nationale : «A estas horas de la conquista, que se hallaba aún en sus albores, las rencillas entre los jefes asumen caracteres trágicos. Y es allí donde encontramos la semilla fatal de las enemistades por linderos que hasta hoy continúan sin solución (177)».

Le conte patriotique se referme sur une synthèse, «Buenos y malos días del cuento de la patria». Parmi «Los días malos», évidemment, figurent les événements relatifs au conflit frontalier, «l´invasion péruvienne» de 1941 et la signature du Protocole de Rio de Janeiro. Mais ils s’inscrivent dans un destin national placé sous le signe du courage et de la liberté. Dans la perspective du conte national, revendiquer les territoires amazoniens, c’est encore œuvrer pour la liberté, contre l’injustice.

CONCLUSION

El Cuento de la Patria récupère une mémoire existante, celle qui se formule autour des textes du Père Velasco, pour façonner sur le même mode que ce dernier, la mémoire d’une nation Équateur unie et fraternelle. Cette brève histoire de l’Équateur n’en est pas une, mais relève du conte, un conte historique qui est aussi un conte patriotique. Les procédés du conte, en effet, servent la geste qui fait de la nation Équateur, personnage collectif, un héros. L´Équateur est ainsi le premier à lancer les «gritos de insurgencia» en Amérique, et ce, dès 1592, contre les troupes venues de Lima. La «revolución de las alcabalas», sous la plume de Carrión, devient en effet «una verdadera insurrección, con claro sentimiento de patria y de independencia (187)». L’Équateur lance également le premier cri d´indépendance américain, en août 1809. Il s’inscrit dans un destin qui le dépasse mais qui le détermine: la liberté, l’honneur, le courage. La Casa de la Cultura Ecuatoriana est présentée comme l’aboutissement de cette trajectoire, dépeinte comme une «institución sin igual en América – ha sido proclamada así en todos los países fraternos y en Europa (90)».

Mais ne nous y trompons pas. La volonté de lutter contre le défaitisme et le dénigrement de soi par l’exaltation d’une mémoire héroïque vise à effacer, ou du moins à panser, une humiliation plus profonde que celle d’être un petit pays sur la carte mondiale. Il s’agit de rétablir la fierté d’une équatorianité amputée au sens propre, dans sa géographie, comme au figuré, dans ses référents territoriaux. La force symbolique du conte prend alors tout son sens, luttant contre le «derrotismo inhibidor». En créant un destin national de liberté et justice, El Cuento de la Patria invite à croire à la récupération possible des territoires perdus. La mémoire joyeuse et légère est bien ici une mémoire militante.


NOTES:

(1) Benjamín CARRIÓN, El Cuento de la Patria, Quito, Libresa, 1992. Le renvoi aux pages s´effectue dans le texte, après la citation.

(2) http://www.cce.org.ec

(3) Enrique AYALA MORA, «El Reino de Quito y nuestra verdadera historia», http://www.dlh.lahora.com.ec

(4) Ibidem.

(5) Michèle SIMONSEN, Le conte populaire, Paris, PUF, 1984.

(6) Erika SILVA, Los mitos de la ecuatorianidad, Quito, Abya-Yala, 1992, p. 5.

(7) Enrique AYALA MORA, op. cit.

(8) Emmanuelle SINARDET, «Nation, mémoire et équatorianité (1895-1915) : la littérature d’histoire des frontières», América – Cahiers du CRICCAL, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, N°31, 2004, pp. 271-278.

(9) Emmanuelle SINARDET, «Équatorianité, frontières et anti-péruanisme: le manuel scolaire Cartilla Patria (Quito, 1922)», in : Nicole FOURTANÉ et Michèle GUIRAUD (ed.), L’identité culturelle dans le monde luso-hispanophone, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2006, pp. 213-223.

(10) Souligné par nous.

martes, 18 de octubre de 2011

Leyendas de mi tierra

Por A. Darío Lara
N O T A

Corrían los inolvidables aunque ya lejanos días de estudiante en el Instituto Superior de la calle Chile (luego la Facultad de Filosofía, Letras y Ciencias de la Educación de la Universidad Central del Ecuador), recuerdo que nuestro eximio Maestro y notable escritor, Justino Cornejo, como tema de investigación de fin de año en 1941, para la calificación final de su asignatura, nos invitó a coleccionar leyendas, cuentos, tradiciones que perduraban en las diferentes provincias del país, con el propósito de enriquecer el Folclore ecuatoriano, esta ciencia popular vastísima y poco explorada aún hasta entonces.

Fijado mi plan de trabajo, como primera medida escribí a algunos amigos solicitando su colaboración y pidiéndoles recogieran cuanto era posible de este material en su provincia natal. Mis esperanzas fueron atendidas y tuve una colaboración inmediata, pues me llegaron más de 200 textos, especialmente de Ibarra, Riobamba, Cuenca y Guayaquil. Mi primera agradable sorpresa pronto conoció una grave desilusión. Al examinar tales colaboraciones pude observar que la mayor parte se concretaban a recoger páginas de revistas de la época, de programas de la televisión, que nada tenían que ver con la auténtica tradición popular que subsiste desde siglos en nuestro pueblo. Pude, sin embargo, de aquel enorme acervo de documentos, recuperar y clasificar 30 leyendas que de algún modo podían considerarse como un aporte al proyecto inicial e inclusive prolongar la obra en que “al margen de la Historia”, el ilustre Cristóbal Gangotena y Jijón, coleccionó “leyendas de pícaros, frailes y caballeros”.

Con el título Contribución al Folclore Ecuatoriano, en un volumen cuidadosamente empastado, presenté mi trabajo al Profesor Cornejo. Luego de sus felicitaciones y seguramente de una atenta lectura, con su típica y elegante caligrafía, en la primera página de mi estudio escribió:”Escoja, dentro de todas, aquellas que no hayan sido recogidas por nadie antes de ahora”, y junto al título de algunas señaló con un “NO”, aquellas leyendas que debía eliminar de mi trabajo. Cinco fueron marcadas con aquel “NO” definitivo.

Pasados los años, como distracción de mis labores de cátedra o de mis investigaciones históricas, consagré algunas horas a desarrollar algunas de aquellas leyendas. Ofrezco aquí dos que merecieron el particular interés de mis alumnos de la Facultad de Letras de la Católica de París, pues hasta se dieron el trabajo de traducirlas al francés y publicarlas en su revista Le Trait d’Union (Octubre 1977).

Para presentar estas Leyendas, he reproducido un texto de lectura, VACACIONES, que escribí para mis alumnos de Quito y se lee en el Libro 4º de El Idioma de mi Patria (Quito,1946).

Quito, 1941
París, 1977


V A C A C I O N E S


¡Atardeceres escolares del mes de Junio! ¡Atardeceres polvorientos, llenos de sol! Han pasado tantos años y os recuerdo todavía con la melancólica nostalgia con la que se vuelve la mirada hacia el pasado, para recordar la felicidad primera; para ser felices con la dicha ida de los primeros años. Ahora cuando los años pasan y se acortan, hace tanta falta el sentirse felices.

¡Atardeceres escolares de Junio! Mucho polvo en el patio del Colegio. El viento, formando caprichosas espirales caracoleadas, levantábase en densas nubes hasta obscurecer por momentos el cielo azul de la poética ciudad, adormecida con los suaves cantares del romántico murmullo de sus cuatro ríos.

La algarabía, el entusiasmo de los muchachos eran incontenibles, desbordantes, Para ellos los atardeceres polvorientos, llenos de sol, eran los mejores anuncios de las próximas, soñadas vacaciones. Y su imaginación, su fantasía , en espirales más caprichosas aún y más atrevidas, se remontaban por las azules colinas, ya en pos de una cometa ya en pos de una ilusión.

Ultimos días colegiales. Pasan, vuelan, se suceden más que de prisa. Están llenos de vida, de movimiento, de sorpresa y también de desilusiones. Llega la clásica repartición de premios con cantos, recitaciones y comedias; sobre todo, con las medallas brillantes, con los libros de pastas polícromas; libros de historias y leyendas, de poesías y novelas, para quienes fueron estudiosos y aplicados, disciplinados y corteses; para muchos: nada, nada; sólo confusión y lágrimas. ¡Atardeceres de Junio! ¡Atardeceres con premios y lágrimas ¡Atardeceres brillantes y sombríos! Viviréis todavía por muchos años.Y después: ¡felices vacaciones! y los ¡adioses!.

A decir verdad, en esos días de mi infancia, yo sufría y gozaba también. Dejar el Colegio, a los Profesores, a los compañeros, a quienes sinceramente se llega a estimar; abandonar, aunque sea momentáneamente, el patio de juegos, el pupitre de clase, libros descuartizados, todo, todo el mundo escolar con el cual uno se acostumbra y por cuya separación se sufre, aunque más de una vez fueron ocasión de lágrimas, obligado tributo de la primer edad para la compra de las primeras letras. Pero, verdades como puños, para mí como para todo estudiante, el tiempo de las vacaciones se presentaba alegre, risueño, lleno de encantos y de ilusiones.

¡Vacaciones!, es decir: volvía “la descansada vida del campo”, que para el fraile poeta fué y sigue siendo para tantos hombres:

“......................la escondida
senda, por donde han ido
los pocos sabios que en el mundo han sido.....”

¡Vacaciones! Tiempo de alegres e interminables días llenos de sol, del aire puro del campo; días de largas correrías por valles y laderas que se alfombran con ricas y doradas mieses; días de las animadas y emocionantes cacerías por cerros y montes vecinos.

¡Qué contraste con los días monótonos y cansados de la ciudad! Agitación, bullicio aquí; tranquilidad, quietud, felicidad allá; días inolvidables de vacaciones de mi primera edad. Vida bella, días verdaderos, hablad conmigo, tomadme, recogedme, no seáis sólo sombras y reminiscencias. ¡Quiero viviros de nuevo! Ya me siento solo... Sentado a la orilla de una parlera fuente cuyas aguas se deslizan bulliciosas, entonando cantares misteriosos, por entre el césped y los árboles del paterno “BOSQUE”. Y, mientras mis ojos siguen el curso de las aguas en sus saltos caprichosos, mi espíritu vaga indeciso sobre un brumoso mar de recuerdos y de añoranzas. Desde las cumbres de verdes collados, la mirada fija en el occidente, cuando en el horizonte listas flavescentes forman un cuadro de una belleza indescriptible, presencio extasiado el maravilloso acostarse del sol en su lejano lecho de cumbres y nieves, de montes y mares. Los postreros rayos en magníficas y caprichosas combinaciones luminosas ofrecen las más variadas decoraciones celestes que artista humano jamás pudiera ni imaginar siquiera. ¡Inolvidables días de vacaciones! Días felices de la infancia. Noches iluminadas por la luz lunar , os miro por las ventanas de la fantasía y del recuerdo; os deseo vivir aún en mis horas de ilusión; os añoro aún en mis brumosas melancolías.

Nada era para mí tan encantador, en aquellos días de vacaciones, como los atardeceres apacibles y los anocheceres bajo ese cielo tan diáfano, pronto iluminado por la suave luz de la luna y de millares de estrellas. ¡Qué juegos entonces!, ¡qué correrías de la Casa al Bosque, del huerto al arroyo; y todo entre alegres y bulliciones compañeros, los amigos eternos de la inolvidable edad primera!

Y más de una vez, sobre todo, si en las temporadas lluviosas las correrías nocturnas y los juegos eran impedidos, había algo maravilloso, lo más querido, lo más esperado y, para mí, lo que más profundamente llevo grabado en mi mente y en mi corazón.

A la sombra perfumada de las acacias y de los tilos que se erguían junto al hogar querido, en los atardeceres calurosos de verano o junto a la lumbre en los anocheceres fríos y lluviosos; alumbrados por la luz de las noches lunadas o por la lámpara de vacilante llama, estaba sentada la Abuelita, pronta para entretenernos con sus curiosas leyendas y sus interminables cuentos. ¡La Abuelita! Ese sér querido y divinamente privilegiado. Los que hemos gozado de sus mimos y cariños la recordamos sin duda con felicidad y veneración. Y ¡qué rica mina de consejos y experiencias, de historia y anécdotas guarda! Si la nieve de los años cubre su cabeza, su corazón ardiente y generoso arde con el fuego del volcán y cómo sabe, con lenguaje sencillo y poético, conmovedor y pintoresco a la vez, cautivar la atención de los nietecitos que la rodean siempre con cariño y predilección! ¡Ojalá que ella, la Abuelita, nunca muriera!

¡Lucinda, abuelita querida!, las páginas que siguen en las que trataré de evocar algunas de esas leyendas que tú nos narraste, no recuerdo si a la luz de la luna o a la sombra de las acacias, o de los tilos, te las dedico y consagro para que en ellas vivas, como has vivido hasta ahora en el corazón de tus hijos que te vieron partir, y como seguirás viviendo en el recuerdo de tus nietos, hombres ahora, que más de una vez te volverán a ver cuando vuelvan la mirada a los atardeceres del pasado, a esas tan lejanas noches de leyendas y de cuentos. ¡Pero, tú seguirás viviendo!...

Lector; si tú también gozaste de los cariños y de los cuentos de una Abuelita; y los guardas en el cofre de tu memoria y de tu corazón, entre preciosas sedas de amor y de recuerdos, al seguir los hechos de estas leyendas imagínate oírlas de sus labios: acaso así tendrán más sabor y mayor encanto. Y antes, unidos tú y yo, dediquemos a su memoria querida la fragancia del amor y el rocío de las lágrimas; la belleza de los campos, de las estrellas y de los cielos; el dolor de las almas y de los corazones; los relatos sencillos, populares, fantásticos y misteriosos...y las mil quisicosas que leerás en estas páginas y con las que tu curiosidad quedará satisfecha.

***

LA CAMPANA DE LA CUEVA

Era uno de aquellos tantos atardeceres... La Abuelita descansaba. Su aspecto era melancólico, meditabundo. Recordaba. ¡Cuánto tendría que recordar! “Esperanza simula en el semblante, reprime en el corazón un profundo dolor”, diría Virgilio, si esta vez así la viera. Con su mirar lejano, indefinido, contemplaba la cumbre del vecino monte, iluminado todavía por los últimos rayos de un bello atardecer de agosto. Unos minutos más y las sombras de la noche comenzaron a invadirlo todo.

Aquella tarde nuestra ocupación había sido la construcción de una casita y de un puente en uno de los rincones del paterno jardín. Cuando la obscuridad principió a cubrirlo todo, pronto nos vinos juntos a la Abuelita. “Abuelita, un cuento; Abuelita, un cuento”, fué el saludo en coro de la tropa de nietos; y teniendo la petición por atendida nos sentamos todos a la redonda. Pronto reinó el silencio. La obscuridad este vez dominaba casi completamente...La Abuelita, fija la mirada en el vecino monte del cual parecía sacar esta vez la mina de sus recuerdos, principió entonces esta leyenda. Yo la he conservado, así como tantas otras, en el fondo de mi recuerdo y de mi cariño.

Hace muchos años, muchísimos años, comenzó la Abuelita: No lejos de aquí, allá (y su mano, siguiendo el camino de su vista indicó el monte de la leyenda) había una población. Dicen que era casi una ciudad; grande, hermosa, con bellas casas, jardines y muchos habitantes.

Recuerdo que aquí Miguelito, el más diminuto de la reunión, interrumpió la leyenda con esta pregunta:

- ¡Abuelita! y ¿conoció Ud. esa ciudad?

- ¡Calla bobo! y deja seguir el cuento. La Abuelita sólo tiene noventa años y ¿quieres que haya conocido? Fué la cortante respuesta, acompañada de un tremendo codazo, que recibió el inocente preguntón de parte de su hermano “el Pollito”, aunque siempre con aires de gallo de pelea. La Abuelita lo comprendió todo. Una mirada y una sonrisa de hondo cariño fueron la respuesta al inocente curioso. Extendiendo la mano la asentó sobre la cabeza del agresor impaciente; le dió dos suaves palmaditas y todo quedó apaciguado. Otra vez su mirada estaba en el monte, cuya silueta majestuosa se destacaba en medio de la obscuridad solemne de la noche...Y continuó la leyenda ya sin interrupciones.

Corrían los largos años de la dominación española. En la ciudad vivían dos honrados y reputados fundidores: Martín y Abel. Muchachos trabajadores ambos y de muy buenas cualidades, mientras el diablo no se metió por allí en el corazón de uno de los dos. Y ¡vaya! que el diablo es siempre diablo y no tardó en meterse. Así como una mujer acabó con la felicidad de Adán y de toda la humanidad en el paraíso, así esta vez una muchacha terminó con la felicidad de los dos amigos, Abel y Martín. Benonia era hermosa, de muchas cualidades y, además, hija única de un rico propietario y encomendero de aquellos tiempos. Ahora bien, quiso la suerte que Abel y Martín se prendaran de Benonia. El padre, encomendero poderoso, hombre bondadoso, lo cual era muy raro en tales personajes y en tales tiempos, y además nada orgulloso no obstante sus grandes riquezas, bueno, sucedió que el buen viejo, que era además viudo, no se decidía por ninguno de los dos pretendientes de su hija.

Las autoridades civiles y religiosas del lugar contrataron con los dos mozos la fundición de una magnífica campana, digna del hermoso templo y de las soberbias torres. Abel y Martín trabajaban juntos en el mismo taller, vecino de la Iglesia. Compraron una parte del metal, reunieron otra, y pronto en un enorme caldero se derretía el cobre, el estaño y, sobre todo, la plata para fundir la campana. Los dos fundidores trabajaban solos en su taller. En el centro estaba el enorme caldero y los metales se habían transformado ya en un mar líquido de fuego. Abel cogió una vez más una fuerte y larga varilla y se acercó al caldero para revolver el contenido. Se inclinó y empezó la fatigosa tarea. Martín, no menos activo, arreglaba los canales por los que bajaría el líquido al molde. Todo estaba caminando a su fin. Trabajaban en silencio. Una honda preocupación traían en sus almas. No era muy difícil adivinar en sus polvorientos ojos, en sus frentes bañadas en sudor, el motivo de sus inquietudes, de sus secretas melancolías. Martín interrumpió un momento su trabajo. Miró a Abel inclinado sobre el borde del caldero. Una idea espeluznante, terrorífica, diabólica, atravesó por su mente. La rechazó primero. Pero, tal idea volvió persistente, imperativa, Martín dió dos... tres pasos lentos...traicioneros de felino, por detrás de Abel, y dándole un tremendo y feroz empujón, Abel se hundió en el fondo del caldero. Por unos segundos un nauseabundo olor a carne quemada se respiró en el taller. Después nada, nada. Ni un ¡ay! ni un grito. Y el horrible fratricidio estaba consumado.

Pocos días después Martín entregó la campana. Divulgó la falsa noticia de que su compañero Abel había salido de urgencia para un nuevo contrato en otra ciudad; recibió la suma de dinero: precio de una campana, salario de un crimen.

***

Pasaron los años. Martín se había casado con Benonia. Vivían en una hermosa casa no muy distante del antiguo taller, ya en ruinas. Sin embargo, Martín no era feliz. No podía serlo. Su crimen no quedaría sin sanción, y aunque los hombres olviden o ignoren, tarde o temprano el malvado recibe su castigo aún en este mundo. Día a día Martín sentíase más triste, más desdichado; una enfermedad misteriosa, desconocida le consumía. Ni los halagos de su joven y tierna esposa ni las cuantiosas riquezas que Benonia había heredado, nada, nada era suficiente para curarle de su mal. Por el contrario empeoraba. Su casa, nunca alegrada por la voz de un niño ni el trinar de las aves, se había convertido en la morado del silencio, de la tristeza, del dolor.

Los que buscaban a Martín de seguro no le encontrarían en los jardines de su casa ni en la compañía de su esposa. Acaso podrían verle vagando por el cementerio del pueblo o pegado el oído a una losa sepulcral, esperando sorprender las conversaciones de los muertos. Tal vez en el puente, contemplando las olas del río en su monótono correr, esperando ver acaso en las ondas a náyades, oír sus lamentos y suspiros, sus cantos y sus risas. Acaso, en algún bosque vecino dialogando con las nubes. Pero, sobre todo al anochecer y a la hora en que las brujas vuelan y las almas en penas salen y andan, Martín estaría entre las ruinas del antiguo taller, testigo mudo de su crimen. Allí estaría inmóvil, mirando con estúpida mirada, el brillar de las estrellas, fatigado, inquieto pasaría horas y horas, hasta cuando el tañido de la campana viniese a sorprenderle en ese fatídico lugar. Junto a la tumba o en la orilla del río, en el antiguo taller o en la soledad del bosque, en cualquier parte estaría Martín, menos allí en donde están los demás hombres, en donde está todo el mundo.

Pasaban los años. Este martirio del vivir pesaba ya amargamente sobre Martín. El lo comprendía en sus horas de lucidez. En vano buscaba un remedio para su mal. Una noche, una de aquellas tantas noches sin sueño y sin descanso, vencido por el remordimiento, refirió a su esposa el tremendo crimen y el fin de Abel. Reveló su secreto, clave de tantos misterios. Sus ojos, su voz, su mirada, todo, todo mostraba a las claras que algo desconocido, extraño pesaba sobre él. Sus palabras entrecortadas, balbuceantes no tuvieron bastante énfasis para ponderar el terrible peso que arrastraba desde el infausto día del crimen. “Todos los días, confesó el desdichado, cuando tañe la campana en las primeras horas del amanecer, una voz conocida me repite: "¡recuerda Martín!, ¡recuerda Martín!".Cuando la campana vuelve a sonar en las horas de la tarde y más en las horas de la noche; si anuncia la agonía de un moribundo o llora al entierro de un muerto; en los alegres repicares del domingo o de una fiesta, yo no oigo sino el eterno lamento que es un grito de reproche: "¡Recuerda Martín, recuerda Martín!" Y me parece que todos ustedes oyen los gritos y comprenden los reproches...y huyo, huyo a la soledad...Huyo de la sociedad, del contacto con los hombres, porque ya perdí el derecho para vivir con ellos...”

Un sudor frío corría por la frente de Martín. Calló unos instantes y luego incorporándose despavorido bramó con salvaje acento: “Y hay algo peor. Cuando en la noche estoy en mi lecho y busco en vanos horas de paz; si junto a una tumba o en la orilla del río; en las ruinas del antiguo taller o en la soledad del bosque, si entonces suena la campana y en mis oídos resuenan las mismas desgarradoras palabras, veo una mano negra...una mano negra...misteriosa...que me llama, que me sigue a todas partes...Mírale...mírala, si este momento mismo está aquí...Mírala...Me llama...me llama...Y ¡qué negra es...! ¡qué negra!...”

De su boca arrojaba abundante espuma. Por las mejillas de la aterrada Benonia corrían abundantes lágrimas. Mi pobre Martín, pensó, bien lo decía, está loco.

Habían pasado algunas horas desde la escena anterior. La noche avanzaba. Cansada en su llorar Benonia dormía un sueño reparador después de aquellas horas de angustia. Martín se incorporó súbitamente del asiento en que había permanecido después de su relato. Cogió un cincel y un martillo. Sigilosamente entró en la iglesia y trepó al campanario. “De una vez para siempre, se había dicho, acabaré con el tormento de mi existencia; con el testigo y acusador de mi crimen.” Y empezó a cortar el anillo de hierro que sostenía el enorme badajo de la misteriosa campana, mezcla de metal y de un sér humano... A cada golpe que daba, una voz conocida hería sus oídos: ¡ay Martín!, ¡ay Martín!... y otras veces: ¡recuerda Martín!, ¡recuerda Martín!... Pero, Martín daba golpes más fuertes y rápidos, como queriendo así ahogar la importuna voz, que más inexorable aún y más amenazante seguía en sus lúgubres quejidos: ¡ay Martín!, ¡ay Martín!... ¡Martín!...¡Martín!...El silencio de la noche, el eco de las montañas agigantaban el sonido y los ayes. Martín proseguía en su macabra tarea. El sudor corría por su cuerpo. Por un momento sintió desfallecer sus agotadas fuerzas. “Descansaré un instante, se dijo, antes de terminar” y se sentó debajo de la campana. Un viento frío, huracanado soplaba con furia. El enorme badajo estaba apenas pendiente ya del carcomido anillo. Una fuerte ráfaga de viento movió la campana; ésta se balanceó; el badajo se desprendió de la campana y cayó sobre la cabeza de Martín... El silencio de la noche fué rasgado por un grito espantoso; por un ¡ay! lastimero. Un bulto rodó estentóreamente por las gradas del campanario, hasta las baldosas del templo. Al detenerse un su descenso mortal, Martín apenas tenía un hálito de vida. Mojó el dedo índice en su propia sangre y sobre el helado piso pudo escribir sólo dos palabras.... dos palabras solamente: Abel. Perdón. Y expiró.

***

Cuando al amanecer del siguiente día un grupo de curiosos se congregó, atraído por los primeros rumores del suceso, fué indescriptible la consternación que en todos produjo al encontrar al pobre Martín en medio de un charco de sangre. Muy cerca estaba el badajo de la campana y todos podían leer en el piso las misteriosas palabras, grabadas con caracteres de sangre, Abel. Perdón.

Pero, más tremenda, indefinible fué la consternación de la infeliz Benonia. A la primera noticia voló en busca de Martín. Vió el cadáver y tuvo síncopes prolongados y repetidos. Ella sí, comprendió el enigma de las dos palabras. Y comprendió el horror de la tragedia desde que vió caído por el suelo, junto al cadáver de Martín, el badajo de la campana. Al anochecer del mismo día, el repique de las campanas de la Iglesia, menos una, la principal, acompañaba con sus fúnebres tañidos al cortejo que silencioso llevaba a Martín a su última morada.

Pasaron las primeras impresiones. Los comentarios que se hicieron sobre la muerte de Martín, el badajo caído, las palabras escritas con sangre, fueron materia obligada de conversación durante días y meses. En las noches, al ruedo de la lumbre, en reunión de amigas y comadres; en las largas noches lunadas, entre mozos y solterones no se hablaba de otra cosa. Y no faltaron algunas viejecitas devotas que atribuyeron los sucesos a la intervención directa del diablo. “Porque, se decían, maese Martín cobró más de lo justo por la campana y diablo así paga a sus devotos.”

En todo caso, fué nuevamente preocupación de las autoridades el devolver el badajo a su puesto y sacar de su silencio a la misteriosa campana. ¡Vanas esperanzas! Sobrevino, entonces, algo por todos inesperado. Habían pasado apenas pocas semanas de la muerte de Martín, cuando al espantoso terremoto del 4 de febrero de 1797, que destruyó la bella ciudad de Riobamba, siguieron erupciones y otras conmociones aterradoras que ocasionaron la destrucción de tantas poblaciones en la provincia. Fué entonces cuando la población de nuestra leyenda se redujo en un instante a un montón de escombros, sobre un suelo pantanoso. Los pocos habitantes que sobrevivieron a la catástrofe fueron a vivir en otras ciudades. Desde entonces nadie habla de aquella población.

Benonia se salvó. Abandonó para siempre aquellos lugares, testigos de tantos sufrimientos. Llevando en su alma las tremendas heridas de una vida de martirio y en el corazón recuerdos y secretos, buscó consuelo para el resto de sus días en la soledad de un monasterio... Las crónicas dicen que allí terminó sus días, dando ejemplo de muchas virtudes. Y, a lo que aseguran, las muchas penas de su vida acortaron sus días, porque Benonia, olvidé decirlo, significa: “hija de las penas”.

- Y ¿la campana? ¿Qué fué de la campana? Repitieron en coro los curiosos oyentes. La leyenda afirma que al hundirse la población, se destruyó también la Iglesia, añadió la Abuelita Lucinda y continuó: aseguran que el terremoto que sepultó la población, levantó el monte que se ve al frente, en el mismo sitio que ocupaba la Iglesia de las torres altas, esbeltas y de las campanas sonoras. Dicen, asímismo, que del otro lado del monte, hacia la parte que da a la selva, hay en su interior una enorme y obscura cueva, en donde nunca penetran los rayos del sol. En esa cueva hay una campana, por lo cual la llaman LA CAMPANA DE LA CUEVA. Las pocas personas que han entrado hasta el fondo de la cueva dicen haber visto la campana y oído sus tristísimos tañidos.

La Abuelita concluyó aquí la leyenda. Pero, su mirada continuaba mirando al monte. Yo comprendí entonces el porqué de su insistente mirar hacia el monte de la leyenda.

Comprendí también por qué aquel monte era mirado con cierto pavor y espanto por los campesinos de la comarca. Comprendí por qué los pastores que pacen sus rebaños por esas colinas y llanuras tienen miedo de ese monte y con cuidado alejan sus ganados cuando se acercan a la Cueva de la Campana. Porque, aseguran, que más de una vez allí oyeron el lúgubre y melancólico tañido de una campana y ayes y lamentos. Ni los lobos que se reúnen en manadas para lanzarse sobre los rebaños ni los bandidos que a las sombras de la noche allí se juntan para sus crímenes o esperan a algún incauto, infeliz caminante, pueden soportar tan lastimeros y espeluznantes voces, y huyen y abandonan aquella Cueva, en donde muchas veces sin que mano humana la agite, tañe una campana sin badajo; en donde se oyen ruidos extraños y voces misteriosas, gemidos y lamentos de ultratumba. En donde deambulan almas en pena, en la noche de los siglos.

jueves, 13 de octubre de 2011

Apuntaciones sobre una “corrección de estilo”: (EL PROCESO DE LAS ESTRELLAS /LE PROCES DES ETOILES)

Por A. Darío Lara

Colombes, a 11 de Noviembre de 2000

Señor Jean-Louis Pandelon
Director de la Revista
“France-Ecuador”
Quito.-

Señor Director y distinguido amigo:

En la revista “France-Ecuador”, página 8 del número 3*, se anuncia la publicación del libro “El Proceso de las Estrellas”, traducción de “Le Procès des Etoiles”, cuya autora es la escritora francesa Florence Trystram y no Trystaram, como se lee en el tercer párrafo de esa página.

En primer lugar, deseo felicitarle por haber conservado el título exacto de mi traducción, “El Proceso de las Estrellas”, y no como se lee en el título de la edición “El Proceso con las Estrellas”.

En mi condición de traductor de este libro, luego de una atenta lectura de la edición en español en que se ha alterado grotescamente el texto original de mi traducción, me permito remitirle algunas APUNTACIONES sobre cierta malhadada “corrección de estilo”. Le ruego, Señor Director, que en un próximo número de su revista se publiquen estas APUNTACIONES.

Felicitándole muy sinceramente por este valioso número, que se añade a los anteriores, y que servirá para acrecentar las relaciones culturales franco-ecuatorianas, al mismo tiempo que será una fuente de ilustración para sus lectores, le pido aceptar el testimonio de mi alta consideración y amistad.

Doctor A. Darío Lara


*Para una mejor comprensión de este texto inédito “Apuntaciones sobre una corrección de estilo”, reproducimos como anexo, el texto que fue publicado por A. Darío Lara, en la revista “France-Ecuador, les droits de l’homme” N° 1; Páginas 149-152.


El día jueves, 2 de diciembre de 1999, según informó la prensa local (EL COMERCIO, Quito, 3 de diciembre), en la Editorial “Libri Mundi”, se presentó en la traducción al español el libro Le Procès des Etoiles, de la escritora francesa Florence Trystram. Es de lamentar que en aquella crónica, que ocupa casi una página, por nueve veces se altere así el nombre de la autora, pues se lee Trystam y no, como es correcto, Trystram. Tal error se comete en otras publicaciones.

Esperado desde muchos años, como recuerdo en la Presentación de dicho libro (páginas 9-13), tuve el privilegio de participar en alguna forma en tal acontecimiento, pues me ocupé de la traducción de esta obra y añadí, para mejor comprensión de su lectura, algunas Notas del Traductor (páginas 347-362). Estas circunstancias me han permitido mantener estrechas relaciones con Florence Trystram, desde aquella fecha inolvidable que he mencionado y, más de una vez, hemos hablado del tema de su libro; tema, además, que ha sido objeto de numerosos trabajos en mis largos años de docencia universitaria.

Tan pronto como llegó a mis manos el primer ejemplar en español, mi atención se fijó en el título del libro. Con extrañeza, diré con mucho desagrado, vi que se había modificado el título español que, de acuerdo con Florence, yo había dado: El Proceso DE las estrellas, que corresponde mejor al título francés Le Procès des Etoiles y no como se ha escrito El Proceso CON las estrellas.

Es regla esencial en toda traducción que al traducir un texto si se procede a su reproducción en el idioma de origen no se altere su significación inicial. Si traducimos El Proceso CON las estrellas, en francés tendríamos Le Procès AVEC les étoiles.

La proposición DE en español y en francés indica: posesión, pertenencia, propiedad; la preposición CON indica: medio, modo, instrumento y su empleo no es indiferente, pues cambia el significado de un texto. Imaginemos un momento que El proceso DE Nuremberg, el proceso DEL stalinismo, se tradujera al francés: Le procès AVEC Nuremberg, Le Procès AVEC le stalinisme… Conversando con un colega, especialista del idioma, con cierta irónica sonrisa repetía “un non sens”… un disparate, un absurdo… Como sería en español eso de El proceso CON Nuremberg, El Proceso CON el stalinismo, El Proceso CON las estrellas. Además que este monosílabo CON, entre gente de cierta corrección, se recomienda no usarlo en francés.

Del mismo modo, he visto modificado, sin razón alguna, el título de mi Presentación. Yo escribí: “Un gran libro EN una gran fecha” y se ha alterado así: “Un gran libro PARA una gran fecha”. Al escribir mi texto, mi intención era (y es) destacar la coincidencia de la gran fecha de 1989, segundo centenario de la Revolución Francesa, y la publicación del libro de Florence Trystram; coincidencia que requiere la preposición EN. Muy diferente el sentido si se emplea la preposición PARA, que indica destino, movimiento, finalidad, causa… Como se verá dos ideas diferentes según el empleo de una u otra preposición.

Por la enseñanza de especialistas del idioma español (pienso en uno de ellos al que tuve como profesor en la Facultad de Letras, el ilustre maestro, gran conocedor del idioma, Justino Cornejo), una de las mayores dificultades que ofrece nuestro idioma, si no la mayor, no es como se cree la conjugación de los verbos irregulares; no la armonía o concordancia de las formas verbales en la sintaxis castellana, etc., sino el correcto uso de las preposiciones, esas pequeñas partículas, a veces monosílabas, que pueden modificar completamente el sentido de una frase, de un texto. Cierto autor, comparando las nueve partes de la oración a una familia gramatical, de la preposición, muy graciosamente afirma: “… notario público que da fé de las relaciones existentes entre las partes de la oración… en la que el verbo es el monarca, aunque a veces va oculto”.

Se comprende entonces por qué la Real Academia Española en su Gramática consagre un capítulo especial al uso de las preposiciones, cómo deben regir a ciertos verbos en tal o cual subordinación o coordinación de la sintaxis castellana; “del uso y significación de las preposiciones – lista de palabras que se construyen con preposiciones”, (páginas 206 a 245 del ejemplar que guardo en mi biblioteca).

Felizmente, mi texto “Un gran libro EN una gran fecha” ha sido ya publicado con anterioridad en la valiosa revista “FRANCE-ECUADOR”, (No.1, en 1998); revista que gracias a la Alianza Francesa, a los Servicios Culturales de la Embajada de Francia ha llegado a muchos países, en todos los continentes. De este modo, tendrán buena lectura.

Pero, es hora ya de revisar el texto mismo del libro. Desde la primera página veo que mi traducción de la cita de Paul Valéry ha merecido una “corrección”. La frase “la historia es una relación…”, se corrige por “la historia es un relato”. Estos dos términos pueden, a veces, usarse indistintamente y la definición que de ellos da la Academia es muy similar. Sin embargo, en virtud de lo que los especialistas del idioma llaman la especialización de las palabras (porque no existen sinónimos perfectos), no es indiferente emplear relación o relato. Así, diremos que nuestro gran José de la Cuadra escribió relatos, que es un relatista. No sería correcto decir que José de la Cuadra escribió relaciones; que es un relacionista. El término relato tiene una acepción especial, se ha especializado y en la historia literaria da la idea de una composición específica, como el cuento, la leyenda, el relato.

Por mi larga experiencia docente en dos Universidades parisienses y con varios colegas (siguiendo programas establecidos por la Sorbona), frecuentemente hemos inscrito en los programas de estudios literarios, temas como: “Las relaciones de los Cronistas de Indias…”, “Relaciones de Viajeros del siglo 17”, etc. No habría venido a nuestra mente hablar de los “Relatos de los Cronistas de Indias…”, etc. Tengo precisamente a la vista uno de los libros más completos acerca de estos estudios y compruebo que todos los capítulos llevan como títulos: “Relaciones de…”. Por consiguiente, bien pudo dejarse el término relación, que es la esencia del libro de Florence Trystram y nada gana el estilo con el empleo de relato.

Este celo por la “corrección de estilo” va hasta a modificar citas de notables autores, lo que de ninguna manera es aceptable, así se compruebe algún error, el mismo que bien puede señalarse, pero sin alterar el texto original. En la página 350, se corrige una cita nada menos que de González Suárez, quien menciona “… la Real Academia de las Ciencias de París”. En su brillante estudio “Les relations culturelles Franco-Equatoriennes”, (Cahiers des Amériques Latines; Paris, 1965, página 115), Jorge Carrera Andrade más de una vez se refiere a la obra de los Geodésicos Franceses en la “Real Audiencia de Quito”; algunas veces – para la mejor comprensión de sus lectores extranjeros, menciona la llegada de esos sabios “al Ecuador”, o “su presencia en el Ecuador”. Para el conspicuo “corrector de estilo” es intolerable eso de Ecuador que escribió nuestro gran poeta y corrige con “la Real Audiencia de Quito”. Seguramente el estilo ha ganado sustancialmente.

Mucho más grave y considero como un grave atentado contra la historia, contra la Patria, es la alteración fundamental, en la página 357, de una cita del notabilísimo historiador, defensor de nuestros derechos, Don Carlos Manuel Larrea. Que se compare el texto original que ofrecí, tomado de su libro “La Real Audiencia de Quito y su Territorio”, (Casa de la Cultura Ecuatoriana; Quito, 1963, págs. 76-77), y el que se ofrece luego de una “corrección de estilo”:



Texto de Carlos Manuel Larrea:

“ … En 1707 aparece el más importante mapa de
principios del siglo. Tiene capital trascendencia,
tanto para la historia de la geografía de la Real
Audiencia de Quito, particularmente de la
Región Oriental del Ecuador, como para la
determinación de las zonas hasta donde se
extendió la conquista territorial y la evangelización
quiteña en la Hoya Amazónica ; y, por consiguiente,
hasta donde llegaron los límites de la Audiencia,
de conformidad con la Cédula de su erección.
Esta carta geográfica es la delineada por el Padre
Jesuita Samuel Fritz”.

Texto mutilado:

“En 1707 aparece el más importante mapa
de principios del siglo. Tiene capital
transcendencia, tanto para la Historia de
la geografía de la Real Audiencia de
Quito, particularmente de la región
Oriental, como para la determinación de
las zonas hasta donde se extendió la
conquista territorial y la evangelización
quiteña, señalando los límites de la
Audiencia, de conformidad con la Cédula
de su erección. Esta carta geográfica es la
Delineada por el Padre Jesuita Samuel
Fritz”.

¿Con qué autoridad se osa modificar así un texto fundamental y desfigurar el sentido de la historia? No es porque circunstancias adversas han llevado a capitulaciones vergonzosas y cercenado injustamente gran parte del territorio nacional, para que se olviden capítulos gloriosos de nuestra historia. El texto del ilustre patricio y notable historiador Don Carlos Manuel Larrea no es sino la evocación de un hecho extraordinario llevado a cabo por Quito y que no se debe olvidar. Ultimamente lo ha recordado también y muy brillantemente, en un libro admirable el Embajador Doctor Marcelo Fernández de Córdoba, cuando escribe:

“… La antigua capital de los Shyris sería la escogida por la Providencia para incorporar al mundo conocido la inmensa región del Río de las Amazonas. De sus palacios y de sus conventos saldrían nuevos expedicionarios y evangelizadores que fundarían ciudades y civilizarían a sus habitantes…” (ITAMARATY: Seiscientos veinte días por la paz”. Talleres de VO Gráficos; Quito, 1998).

Texto que no es sino una evocación de las frases del ilustre Cronista y que en letras de oro se leen en los muros de la Catedral quiteña: “Bien se podría gloriar Babilonia de sus muros; Nínive de sus grandeza; Atenas de sus letras, Constantinopla de su imperio, que Quito las vence a todas por llave de la Cristiandad y por conquistadora del mundo. Pues a esta Ciudad pertenece el descubrimiento del gran Río de las Amazonas”.

Este prurito de “corrección de estilo” va hasta a corromper el nombre de uno de los miembros de la Misión del siglo 18, (o es una ignorancia de la historia…). En mi texto original se lee el nombre exacto de uno de los marinos españoles, Don Jorge Juan de Santacilia. Seguramente por mejorar el estilo, en la página 348 se lee “Jorge Juan de Santacilla”. Habría sido preferible silla, ¡con lo que este modesto útil quedaba santificado!

Del mismo modo, en mi texto original escribo que Jean Godin des Odonais era primo hermano del académico Louis Godin. En la página 29 se lee “sobrino de Louis Godin”. Yo también, siguiendo a historiadores mal informados, algún tiempo había creído en esta relación familiar. Pero, hace algunos años, consultando documentos originales que me proporcionaron en Saint-Amand (ciudad de origen de Jean Godin des Odonais), pude comprobar que los padres de Louis y Jean eran hermanos; por consiguiente, ellos eran primos hermanos. Esto es historia fundada en documentos auténticos que deben respetar quienes ninguna preparación anterior les autoriza para tales “correcciones de estilo”.

No sería de extrañar que si un tal Miguel de Cervantes hubiera presentado para una “corrección de estilo” la primera frase de cierto libro: “En un lugar de la Mancha, de cuyo nombre no quiero acordarme, no ha mucho tiempo que vivía un hidalgo…”, leeríamos modificado dicho texto, por ejemplo: “En cierto pueblo de la Mancha que prefiero no recordar, hace mucho tiempo vivía un hidalgo…”; o, tal vez: “En algún sitio de la Mancha, que no voy a mencionar, son ya muchos años, vivía cierto hidalgo…”. Gracias a tan brillantes modificaciones de estilo, la obra inmortal, sin duda, sería más inmortal aún.

Este jueguito intrascendente de cambio de términos, que en nada mejora el estilo, y a veces más bien altera el texto original, como vamos a ver a continuación, comprobamos en las 364 páginas del libro. Que juzgue el lector.

Mi traducción del francés:

- interés por el viaje
- pensaba tan sólo dar un ejemplo
- con enorme sorpresa.
- avanza en una tierra virgen
- he reiniciado mis investigaciones
- su vida personal
- (la) historiadora cuenta hechos
- en las selvas del Ecuador
- dichos fantasmas han tomado una forma
- yo buscaba a científicos
- espejos de inteligencia y razón
- he encontrado un país

“corrección de estilo”:

- interés en el viaje
- sólo pensaba dar un ejemplo
- con gran sorpresa
- avanza en tierra virgen
- retomé (sic) mis investigaciones
- su viaje personal (la autora habla de vie, no de voyage)
- la historiadora da cuenta de…
(la autora emplea el verbo rapporter, contar, referir, no rendre compte, dar cuenta)
- en la jungla del Ecuador
- esos fantasmas fueron tomando forma
- buscaba científicos (es un caso muy claro, según la Academia de la Lengua, en que al acusativo o complemento directo debe preceder la preposición a: “delante de términos que expresen personalidad”)
- espejos de inteligencia y la razón
- encontré un país

Aquí aprovecho para dar al corrector de estilo una lección de gramática castellana de 2° Curso de Secundaria. La erudita autora francesa casi siempre en su bello texto emplea el passé composé, que en español corresponde al pretérito perfecto según la Academia, o al antepresente, para Andrés Bello. Es conocido que, con o sin razón, el passé simple (pretérito indefinido) en francés ha caído casi en desuso. Yo traduzco siempre el passé composé con el pretérito perfecto y con mucha razón.

Vengo ahora a lo esencial de mi lección. Según la misma Academia, no es indiferente el uso del pretérito perfecto o del pretérito indefinido. Así, viví en Londres o he vivido en Londres, tienen una significación diferente. En el primer caso, la acción pasada está terminada. Punto final. En el segundo caso, la acción es también pasada; pero, por diversas circunstancias esta acción tiene aún una permanencia, una influencia en el presente. Del mismo modo, es diferente la idea de: leí este libro o he leído este libro; he encontrado un país o encontré un país.

Por lo tanto, las centenares de veces que para “corregir el estilo” se modifica mi pretérito perfecto y se emplea el pretérito indefinido, se incurre en un yerro gramatical y en nada ha ganado (en vez de ganó) la belleza del estilo.

Una segunda lección de gramática. Se emplea el signo ortográfico o tilde en algunas palabras homógrafas (que tienen la misma escritura y distinto significado), como en: él, (pronombres), (verbo), (adverbio), más (adverbio), etc. El uso de la tilde o acento diacrítico (del griego διά, a través y de χρίνω, separar, distinguir), sirve para distinguir la naturaleza de las palabras: el (artículo), tu (adjetivo), se (pronombre), si (conjunción), mas (conjunción). Del mismo modo, para distinguir del adjetivo solo (voy solo, sola, solos, solas) del adverbio sólo, tan sólo, se usa el acento diacrítico. No ignoro que modernamente ha caído algo en desuso este acento en el adverbio. La misma Academia de la Lengua en su Diccionario hace la diferencia entre el adjetivo y el adverbio. Fiel a los clásicos, a Montalvo, Zaldumbide, Cornejo…, seguiré usando el acento diacrítico en los adverbios sólo, tan sólo, como lo uso en él, tú, sí, más… en los casos que he señalado.

Ergo, no acepto que en mi texto original, so color de “corrección de estilo”, se suprima este acento en los adverbios sólo, tan sólo.

“Nunca dos sin tres” se dice comúnmente. Así que va a continuación una tercera lección gramatical. Se trata del uso de las conjunciones adversativas pero y sino.

Si en mi texto traducido el “corrector de estilo” hubiera encontrado una frase como la siguiente u otra análoga: “No le respetará ciertamente por un principio de justicia, pero le respetará por una razón de utilidad y conveniencia…”, seguramente, como se ve en cien casos en el texto de mi traducción, habría rayado, suprimido, reemplazado este horrible pero, y empleado la conjunción sino.

(1) Sepa antes el erudito corrector de “estilo” que la frase anterior no es mía, sino (pero) del ilustre Jovellanos (1) y la Academia de la Lengua la trae en su gramática para indicar que en algunos casos, en “este ejemplo se ve que sino es equivalente a pero…” Digo en algunos casos, como ocurre en los que ofrezco en la traducción del libro de Florence Trystram. (1)Gaspar Melchor de Jovellanos (1744-1811).


Evidentemente hay casos en que la conjunción adversativa sino no puede reemplazar a la otra, pero; así en: “te esperé, pero no viniste”; “se presentó al examen, pero no fue admitido”. En cambio en frases como: “fulanito cometió este error no fue por malicia, pero o sino por ligereza u olvido”; es indiferente según la doctrina de la Academia el empleo de una u otra conjunción.

No entraré aquí en mayores detalles; pero, a quienes asumen el fácil oficio de “zoilos” (cuando no pueden ofrecer ninguna obra personal), es aconsejable revisar antes en la gramática castellana el complicado capítulo – entre otros – de “la coordinación adversativa y correctiva”, en la sintaxis de las oraciones compuestas.

Esta revisión de la gramática se acomoda bien con el pensamiento de uno de los eximios autores del idioma, Rufino José Cuervo, quien en la primera página de una obra maestra no enseña que:
“Es el bien hablar (y escribir) una de las más claras señales de la gente culta y bien
nacida… de ahí el empeño con que se recomienda el estudio de la gramática…”
(APUNTACIONES SOBRE EL LENGUAJE BOGOTANO; 7ª. edición – Bogotá, 1939).

Se comprenderá también por qué a estas sencillas observaciones gramaticales he querido dar el consagrado título de Apuntaciones, empleado por Cuervo, el ilustre colombiano que con Andrés Bello son los más altos exponentes del culto del idioma español en nuestra América.

Regresando a las “correcciones de estilo” que mencioné en página anterior, debo señalar que están tomadas del texto español, en: Presentación, páginas 9-13; Prefacio de Haroum Tazieff, páginas 17-24, y en Notas del Traductor, páginas 347-362. No cometeré la grosería de martirizar al lector con la lista innumerable que podría establecer en las páginas 27 a 345 que comprende el texto traducido de El Proceso de las Estrellas. Sin embargo, me limitaré a dar unos pocos ejemplos para que se pueda apreciar así el admirable trabajo asumido en esta “corrección de estilo”.

Mi traducción del francés:

- el siglo XVIII marca un viraje.
- es verdad
- para solamente terminar a pie
- midiendo uno después de otro los ángulos
- poco a poco la Rochelle desaparece
- apenas se divisa la costa
- el primero la Condamine
- ya entregado hacia la aventura
- cuya marcha permite esperar
- una tropa poco ordinaria
- cuyos bagajes se amontonan
- la misión está formada
- en total diez hombres
- y una montaña de bagajes
- y cuyo único título es el de primo de uno de los Académicos

“corrección de estilo”

- el siglo XVII (sic) marca un… (pág.27, un error histórico)
- es cierto (en el original, vraie)
- para sólo entonces terminar
- midiendo uno tras otro los ángulos (la autora emplea après y no derrière)
- La Rochelle desaparece poco a poco
- la costa se divisa apenas
- la Condamine el primero
- ya entregado a la aventura (el original: vers l’aventure)
- cuya marcha permite suponer (el original: permet d’espérer ; no supposer)
- una tropa poco común (el original: peu ordinaire)
- se amontona el equipaje (les bagages en el original)
- la misión lo conforman (sic) (elle se compose, en el original)
- diez hombres en total
- y una montaña de fardos (en el original bagages y no fallots)
- y cuyo único mérito es el de ser sobrino y llevar su apellido (mencioné anteriormente que Jean Godin des Odonais Era primo hermano de Louis Godin, no su sobrino).

No continuaré en tan aburrida enumeración de “correcciones” en apenas tres páginas (31-33) del texto español; se puede imaginar las páginas que tendría que añadir si debiera examinar hasta la 345 del texto de Florence Trystram. Debo recordar que desde el primer momento que comprobé tales “correcciones” me dirigí a los responsables de la edición y escribí: “Rechazo rotundamente las modificaciones en los dos textos de mi autoría: Presentación y Notas del Traductor. Cualesquiera que sean los títulos universitarios o académicos de quien procedió a tales alteraciones, por elemental sentido ético, no podía obrar de este modo sin mi debida autorización… Por otra parte, a una serie inconsulta, abusiva de alteraciones de términos, de sinónimos más o menos adecuados y de conformidad con el texto original, se han cometido intolerables mutaciones en citas de ilustres historiadores y académicos ecuatorianos; inclusive se encuentran yerros gramaticales, errores históricos que vuelven el libro poco recomendable para personas ilustradas o estudiantes universitarios… Es de lamentar que quien procedió en tal trabajo de “corrección de estilo” ignorara un consejo, mejor, una directiva de un notabilísimo miembro de la Academia Francesa, ilustre filósofo por añadidura y considerado como los mayores del siglo XX:

“Se debe comprender un libro (un estudio) de un autor como lo ha comprendido él mismo; porque es así como lo ha escrito … cuando se quiere comprender un libro (un estudio), se debe penetrar en el espíritu de aquel que lo ha escrito” (Jean Guitton, en PORTRAIT DE M.POUGET; Gallimard, París, 1941).

No acostumbro dar a la “corrección de estilo” ninguno de mis escritos, hace muchos años ya, desde que uno de mis notables profesores de letras, en clase de bachillerato, calificó alguna de mis disertaciones con la nota 19 y de su puño y letra escribió: “felicitaciones por su trabajo; estilo depurado, elegante; ideas bien expresadas. Trabajo de alto valor literario”.

Que se haya “corregido el estilo” de mi original español, traducción El Proceso de las Estrellas, como pomposamente (o más bien jocosamente) se lee en las primeras páginas, es absolutamente irrisorio. No basta el cambio de unos términos para modificar un estilo, o sea “la manera de escribir o hablar, el carácter propio que da a sus obras un autor”, nos enseña la Academia de la Lengua.

Y para el colmo de todo lo anterior, es de lamentar que hasta en la cubierta posterior del libro, en el texto titulado NARRATIVA se cometa un doble atentado: contra la gramática y contra la historia. Contra la gramática. En efecto, en la quinta línea leemos: “Se prevee que la expedición dure algunos meses…” No existe en español el verbo preveer. Se ha violado así una regla elemental de la gramática: “todo verbo compuesto se conjuga como el simple del que se forma”. Ejemplos: prever de ver, contratar de tratar, revivir de vivir, etc. Luego: veo, ves, ve… preveo, prevés, prevé. ¡Elemental!

Atentado contra la historia. Al final del texto leemos: “Sólo dos de ellos, después de muchos años de adversidad, conservarán la voluntad para arrancarse (a) su sueño y regresar a Francia. Los otros morirán en accidentes, enfermos o presos de la locura y la decadencia…”

Completamente falso. Regresaron Pierre Bouguer, Louis Godin, Charles de la Condamine, Joseph Jussieu, en verdad muy enfermo; regresaron los dos marinos españoles, Antonio de Ulloa y Jorge Juan de Santacilia; regresaron Jean Godin des Odonais y el ingeniero Verguin, como muy bien menciona Florence Trystram, en la página 29. Entonces, ¿en dónde están los ótros: los enfermos, los presos de la locura y de la decadencia?

En la página 356 de mis Notas del Traductor se puede leer: “Es innegable que los Académicos sufrieron mucho de los rigores de un clima al que no estaban acostumbrados. Sin embargo, aparte de Couplet que murió víctima de una enfermedad, de Senièrgues y Hugot de consecuencias de accidentes, los Académicos que regresaron a Francia, como los dos marinos españoles, prolongaron su vida más allá del término medio de ese siglo: la Condamine murió a los 73 años (1701-1774), Louis Godin a los 56 (1704-1760), Bouguer a los 60 (1698-1758), y Jussieu quien más sufrió por sus expediciones científicas, murió a los 75 años (1704-1779)”. Finalmente, Jean Godin des Odonais que contrajo matrimonio con la riobambeña Isabel de Grandmaison (y no Louis Godin, el jefe de la Misión como ha escrito un historiador nacional, murió en su ciudad natal, Saint-Amand, a los 80 años (1712-1792). ¡Nada más sencillo como la historia auténtica!

Para concluir. No creo que mi traducción del libro de Florence Trystram sea perfecta. Toda obra humana, sobre todo tratándose de una obra literaria, es perfectible. Estas páginas seguramente podrían también perfeccionarse. No extraña por lo mismo que sea indispensable una corrección inteligente y completa de “El Proceso de las Estrellas” tal como se presenta ahora, para ofrecerlo a la lectura de un público culto; para dar una idea del alto valor literario que se admira en las páginas del original francés.

Para suprimir una coma o reemplazarla con una y; para cambiar un epíteto antes o después del nombre; preferir tal o cual sinónimo; más aún, para alterar o remejer una frase entera, fácil habría sido ponerse de acuerdo con el autor de la traducción y, sobre todo, para revisar errores que se han cometido al modificar el original. A menos que la preocupación primordial haya sido justificar, por tan acuciosa corrección de estilo, el pago de unos cuantos centavos. En este caso, recordando a Montalvo, “es convertir la pluma en cuchara”.

A. Darío Lara
miembro de la Academia Nacional de Historia, la Academia Ecuatoriana de la Lengua


Le Chêne-aux-Dames (octubre, 2000)


A N E X O

EL PROCESO DE LAS ESTRELLAS
A. Darío Lara

La bibliografía ecuatoriana se enriqueció en 1979 con un gran libro, Le Procès des Etoiles (El Proceso de las Estrellas), de Florence Trystam. En la introducción escribe: “Cuando me interesé por el viaje realizado al Ecuador para medir allá un grado del meridiano terrestre, pensaba tan sólo dar un ejemplo de aquel nuevo estado de espíritu de los científicos. Con enorme sorpresa descubrí, al sumergirme en los archivos, un viaje excepcionalmente rico y digno de las más copiosas novelas de aventuras. Por añadidura, nunca nadie parecía haberse interesado por tal aventura y experimentaba la misma exaltación del explorador que avanza en una tierra virgen”.

Este sentimiento le llevó, después de preparar una tesis sobre la historia de las ciencias, que defendió en la Universidad de París I, bajo la dirección del profesor Jacques Roger, a escribir este libro: “pues, confiesa, los fantasmas que había despertado no se han dejado enterrar en su tumba. De tal modo me han perseguido que he reiniciado mis investigaciones. Y, poco a poco, dichos fantasmas han tomado una forma. Yo buscaba a científicos, espejos de inteligencia y de razón, he encontrado a hombres embriagados por la vida: buscaba la longitud de un meridiano, un alineamiento de cifras, he encontrado un país que encendió sus almas”.

Por estas frases se comprenderá aquel entusiasmo, aquella devoción con que Florence Trystram se ha consagrado a la escritura de un libro que le ha llevado más de tres años de sus investigaciones: entusiasmo y devoción que me ha comunicado en los meses que me he dedicado a traducirlo al español.

El Proceso de las Estrellas es una obra valiosa en que la historia y la novela se combinan admirablemente. Sobre bases históricas de un hecho de tanta trascendencia en el siglo 18, Florence nos ofrece -bajo delicadas vestiduras de novela- una síntesis con todas las peripecias y; sin ocultar las dificultades, los heroísmos de aquel viaje. El lector podrá seguir el desarrollo de las múltiples actividades de los geodésicos, acompañará a cada uno de ellos, de sus ayudantes, en su vida personal, con todos sus problemas, sus heroísmos, sus cobardías. Justamente, Haroun Tazief escribe en el prólogo: “A lo largo de su fascinante relación, Florence nos ha descubierto, poco a poco, tales como eran verdaderamente, no héroes, no científicos descarnados, pero humanos con sus cualidades y sus defectos, capaces de proezas las más asombrosas y, algunos, de pequeñeces despreciables. Estas cualidades, estos defectos, Florence Trystam los presenta sin juzgar, simplemente, relatando hechos; no juzga. Ni moralista ni novelista, pero historiadora rigurosa, cuenta los hechos”.

Florence Trystam no se contenta con referirnos la historia de aquel capítulo admirable de la historia de la ciencia. Nos ofrece igualmente mil detalles de la geografía, de la historia, de la vida cuotidiana de los habitantes de la Real Audiencia de Quito en ese siglo 18 y con los que los Académicos debieron tratar diariamente. Así, vemos desfilar en esas páginas personajes tan variados: los representantes de la monarquía española, notables criollos junto a algunos comprometidos ya en una lucha contra una autoridad que aceptan mal; pero, sobre todo, apreciamos la condición de las clases modestas y abandonadas. Descubrimos la situación de los indígenas que habitaban los campos, las selvas, pues varios miembros penetraron por diversos lados, en las selvas del Ecuador, del Perú, de Bolivia, Brasil. Es posible que al referirse a capítulos tan complicados de nuestra geografía, de nuestra historia, por motivos fáciles de comprender, se hayan deslizado ciertas confusiones, que se hayan alterado algunos nombres geográficos, que algunas apreciaciones sean discutibles. Todo esto se explica cuando se debe trabajar sobre un país tan lejano. Estos detalles me han dado la oportunidad de añadir algunas Notas a mi traducción española.

El Proceso de las Estrellas fue publicado en 1979, se comprenderá así el interés que ofreció cuando se preparaba ya la conmemoración de los 250 años (1736-1986) de la histórica misión y que tan solemnemente se recordó en París, en Quito. En el Instituto de Estudios Ibéricos y Latinoamericanos de la Universidad de París X-Nanterre, el Centro de Estudios Ecuatorianos organizó un Coloquio Internacional (22-23 de noviembre de 1985), en que participaron destacados americanistas de varios países. Más solemne, la Academia de Ciencias de París organizó también un coloquio oficial (29-31 de enero de 1986), al que asistieron científicos de Europa y de otros continentes.

¡Qué experiencias humanas y qué descubrimientos insospechados cada día (o cada noche) nos golpean en esta vida de París! Era la década del 60. Una encantadora pareja franco-ecuatoriana nos invitó a una cena quiteña. Una joven invitada, universitaria ávida de exotismo nos deleitó con su conversación. Según propia confesión, vacilaba aún en qué sentido orientaría sus investigaciones científicas. Buscaba algo novedoso, exótico, lejano. Preocupado yo mismo a dar término a mi primer libro de “Viajeros Franceses al Ecuador” , entre los que había marinos, pintores que visitaron nuestro país, entusiasmado entonces por la cantidad de publicaciones que nos dejaron los miembros de la Misión Geodésica y que yo consultaba en la Biblioteca Nacional, a la confesión espontánea de la joven francesa, sin mayor convicción, para no quedar callado, recuerdo le dije -por decir algo- ¿por qué no investiga en la Biblioteca Nacional, en la Academia de Ciencias la obra monumental que nos han dejado los Geodésicos que viajaron al Ecuador en el siglo 18? Silencio… No hubo ninguna reacción. Ningún comentario. Siguió amena, interminable nuestra conversación. Nos despedimos. Guardé sí el nombre y la dirección de Florence Trystram.

Se comprenderá así mi emoción cuando casi veinte años después tenía en mis manos Le Procès des Etoiles. Tengo la seguridad de que el lector de este libro (y mejor si lo lee en francés), al terminar esta lectura tendrá análoga emoción y hará suyas estas palabras con que Haroun Tazzieff concluye su prólogo: “Terminé el Proceso de las Estrellas con la sensación muy agradable de haber aprendido mucho, mientras que, salvo excepciones muy raras, la lectura de una novela me hace lamentar el haber perdido horas… Ahora bien, después del amor y la amistad, el tiempo es la más preciosa de las cosas. ¡Gracias, Florence!”

Sí, ¡gracias, Florence! Por aquella noche parisiense, ya lejana; por las horas, los días que te he acompañado espiritualmente al recorrer tus páginas en francés para darles vida nueva en español; y porque me escribiste un día: “… grand merci pour avoir traduit ce libre. Avec toute mon amitié! - Florence Trystram”.