Par Catherine Lara (2011)
Le gisement archéologique de La Florida se trouve sur une sorte de terrassement qui domine le secteur de l'aéroport de Quito, sur les versants du Pichincha, sous un secteur connu sous le nom de "el sombrerito", sur les anciennes terres de l'hacienda Osorio (secteur appelé San Vicente La Florida - Chaupicruz). Il fut découvert par hasard, en 1980, au cours de la construction d'un terrain de football.
Son administration fut prise en charge par l'ex-FONSAL (Direction Métropolitaine de Culture Actuelle). Dans les années 1980, Leon Doyon a prospecté le site dans le cadre de sa thèse doctorale, mais la recherche plus approfondie du site fut assurée par María del Carmen Molestina en 2004.
Ce site est une nécropole précolombienne dont l'occupation fut datée entre 200 et 600 après J.-C. Néanmoins, à proximité du gisement, une maison du Formatif datée de 2 000 av. J.-C. a été trouvée, ce qui suggère une présence humaine beaucoup plus ancienne dans le secteur.
Les sépultures sont actuellement recouvertes par des toits, tandis que leur reconstitution peut s'observer à partir d'une passerelle en bois. À proximité de ce complexe se trouve le musée en tant que tel, avec une présentation des pièces ayant été découvertes dans les tombes. Les explications sur le site sont assurées par des guides; du matériel audiovisuel est également à la disposition des visiteurs, qui, si la chance leur sourit- comme ce fut le cas ici- peuvent aussi avoir droit à une visite guidée dirigée par María del Carmen Molestina en personne:
Tel qu'en témoignent les sources ethnohistoriques des premières années de la Colonie, la zone de la Florida faisait partie de la chefferie du cacique "Pillajo et Ipia", qui s'étendait jusqu'à Cotocollao. Ipia était l’un des caciques principaux puissants qui contrôlaient des caciques secondaires, et auraient basé leur pouvoir sur d'étendus réseaux commerciaux. De la chefferie de Ipia dépendait ainsi celle de Guamansara, qui couvrait la zone de Rumipamba, dont les ateliers textiles furent éventuellement associés à La Florida. De fait, dans la commune actuelle de Santa Clara, le nom "Guamansara" subsiste encore.
Ces caciques s'allièrent aux Espagnols dans l'intention d'expulser les Incas de leur territoire, raison pour laquelle, en guise de punition, Rumiñahui les extermina dans le ravin de Pomasqui, et coupa la tête à Ipia. Le groupe de Ipia aurait été celui qui aurait suggéré aux Espagnols de situer la ville qu'ils voulaient fonder sur les versants du volcan Pichincha, lieu protégé des menaces volcaniques.
Le site de La Florida en tant que tel est un cimetière organisé, avec des tombes en puits. En surface, il était recouvert par une hutte ronde ("bohío").
La reconstitution de la tombe qui peut être observée aujourd'hui sur le site compte deux niveaux: le plus profond -et le plus ancien aussi- abrite quatre individus. Au-dessus de ce niveau apparaît une autre rangée, elle-même divisée en deux: une première rangée de six individus, sur lesquels reposent des nattes tressées soutenues par des pieux en bois qui servent de base à une autre rangée de six individus superposée à la première. Les défunts ont été retrouvés en position assise, les mains sur la poitrine et enveloppés dans un fardeau funéraire.
Son administration fut prise en charge par l'ex-FONSAL (Direction Métropolitaine de Culture Actuelle). Dans les années 1980, Leon Doyon a prospecté le site dans le cadre de sa thèse doctorale, mais la recherche plus approfondie du site fut assurée par María del Carmen Molestina en 2004.
Ce site est une nécropole précolombienne dont l'occupation fut datée entre 200 et 600 après J.-C. Néanmoins, à proximité du gisement, une maison du Formatif datée de 2 000 av. J.-C. a été trouvée, ce qui suggère une présence humaine beaucoup plus ancienne dans le secteur.
Les sépultures sont actuellement recouvertes par des toits, tandis que leur reconstitution peut s'observer à partir d'une passerelle en bois. À proximité de ce complexe se trouve le musée en tant que tel, avec une présentation des pièces ayant été découvertes dans les tombes. Les explications sur le site sont assurées par des guides; du matériel audiovisuel est également à la disposition des visiteurs, qui, si la chance leur sourit- comme ce fut le cas ici- peuvent aussi avoir droit à une visite guidée dirigée par María del Carmen Molestina en personne:
Tel qu'en témoignent les sources ethnohistoriques des premières années de la Colonie, la zone de la Florida faisait partie de la chefferie du cacique "Pillajo et Ipia", qui s'étendait jusqu'à Cotocollao. Ipia était l’un des caciques principaux puissants qui contrôlaient des caciques secondaires, et auraient basé leur pouvoir sur d'étendus réseaux commerciaux. De la chefferie de Ipia dépendait ainsi celle de Guamansara, qui couvrait la zone de Rumipamba, dont les ateliers textiles furent éventuellement associés à La Florida. De fait, dans la commune actuelle de Santa Clara, le nom "Guamansara" subsiste encore.
Ces caciques s'allièrent aux Espagnols dans l'intention d'expulser les Incas de leur territoire, raison pour laquelle, en guise de punition, Rumiñahui les extermina dans le ravin de Pomasqui, et coupa la tête à Ipia. Le groupe de Ipia aurait été celui qui aurait suggéré aux Espagnols de situer la ville qu'ils voulaient fonder sur les versants du volcan Pichincha, lieu protégé des menaces volcaniques.
Le site de La Florida en tant que tel est un cimetière organisé, avec des tombes en puits. En surface, il était recouvert par une hutte ronde ("bohío").
La reconstitution de la tombe qui peut être observée aujourd'hui sur le site compte deux niveaux: le plus profond -et le plus ancien aussi- abrite quatre individus. Au-dessus de ce niveau apparaît une autre rangée, elle-même divisée en deux: une première rangée de six individus, sur lesquels reposent des nattes tressées soutenues par des pieux en bois qui servent de base à une autre rangée de six individus superposée à la première. Les défunts ont été retrouvés en position assise, les mains sur la poitrine et enveloppés dans un fardeau funéraire.
Doyon aurait suggéré que ces enterrements multiples correspondaient à un individu enterré avec des accompagnants sacrifiés pour l'occasion. Molestina écarte l'hypothèse des accompagnants: pour elle, chaque défunt a été déposé dans les tombes de façon indépendante: ils datent en effet d'époques différentes. Les chercheurs ont tenté de prélever des échantillons d'ADN des ossements, mais malheureusement, leur mauvais état de conservation n'a donné aucun résultat, raison pour laquelle on ne sait pas si les individus enterrés sur le site partageaient un quelconque degré de parenté. D'autre part, dans le musée de site, le visiteur peut apprécier des reconstitutions de l'apparence physique des défunts trouvés dans le cimetière. Cette reconstitution a été réalisée par l'anthropologue Paola León. Parmi les traits caractéristiques de ces individus, des pommettes saillantes, un nez fin et allongé, des yeux en amande et une bouche proéminente sont à signaler. Tous les défunts faisaient également de l'arthrite. De fait, la zone était beaucoup plus humide à cette époque qu'aujourd'hui.
Il semblerait que les tombes aient été creusées au moyen de pieux pointus en bois de 45 cm de large environ. La terre creusée était retirée à l'aide de paniers. Parmi les individus du niveau le plus profond, un homme avec un sac en perles de coquillage Spondyle et souffrant d'une hernie discale a été identifié, raison pour laquelle il est suggéré qu'il s'agissait d'un commerçant. Le coquillage Spondyle était un élément sacré parmi les cultures précolombiennes des Andes, au sens chargé d'idéologie. Ainsi, s'agissant d'un milieu funéraire, le registre archéologique du site La Florida est traversé par une série d'éléments qui reflètent la cosmovision de la culture à laquelle appartenaient les défunts.
La notion de quadripartition par exemple, se trouve représentée à travers la récurrence du motif de la croix représenté sur les plats du mobilier funéraire, ainsi que dans la disposition des défunts du niveau le plus profond de la chambre funéraire. Les jarres sont en outre recouvertes d'hématites, minéraux ferreux d'origine lacustre (ici, Iñaquito très probablement). Pour Molestina, l'origine de ce minéral et son utilisation dans des jarres destinées à des mobiliers funéraires dénotent un sens symbolique lié à la fertilité et au cycle de la vie. En outre, l'emplacement du site La Florida s'expliquerait d'un point de vue symbolique par la caractère sacré de la montagne, résidence des dieux. Plus que de shamans liés à cette ritualité, María del Carmen Molestina préfère parler d'un groupe sacerdotal, notion qui implique une doctrine et une organisation qui d'après elle sont clairement représentées dans le registre archéologique de La Florida. Mention est faite aussi de la relation entre l'aspect religieux de la Florida et les pratiques agricoles des habitants précolombiens du secteur. En effet, la terre qui fut utilisée pour recouvrir les tombes n'est pas la "cangahua" qui prédomine dans les environs du site (terre jaunâtre et stérile), mais plutôt une terre fertile qui semble avoir été amenée d'ailleurs. De fait, les terres agricoles étaient sacrées pour ces cultures.
Par ailleurs, le mobilier funéraire contenait des compotiers et des jarres, parmi lesquels le microbiologiste Javier Carvajal a obtenu un échantillon de levures jusque là inconnues du monde scientifique, qui lui a en outre permis de recréer une "chicha précolombienne", différente de celles que l'on connaît aujourd'hui, en particulier de par son contenu épicé. Il semblerait que le maïs de cette chicha ("jora" de maïs) provenait de Chillo.
Ainsi, la culture qui occupa le site de La Florida rend compte d'une maîtrise totale de son environnement: ses habitants connaissaient parfaitement les lieux les plus adaptés à l’occupation humaine, en particulier face à de possibles menaces naturelles telles que des inondations ou des éruptions volcaniques, et à l'accès aux ressources clé. Parmi l'alimentation de cette culture, figurent ainsi la pomme de terre, les graines de lupin, le "melloco", le quinoa. Le cerf et le cochon d'Inde sauvage étaient également consommés, bien que ces-derniers auraient plutôt fait partie des repas de l'élite. Il n'est pas à exclure que les structures domestiques des habitants de La Florida soient situées plus haut, vers le Pichincha.
D'autre part, dans le musée de site, des échantillons de vases, des fragments de textiles, des jarres, des "cajas de llipta" (récipients associés à la consommation de coca), des tuniques mortuaires en perles, des coquillages... peuvent être observés.
Il semblerait que les tombes aient été creusées au moyen de pieux pointus en bois de 45 cm de large environ. La terre creusée était retirée à l'aide de paniers. Parmi les individus du niveau le plus profond, un homme avec un sac en perles de coquillage Spondyle et souffrant d'une hernie discale a été identifié, raison pour laquelle il est suggéré qu'il s'agissait d'un commerçant. Le coquillage Spondyle était un élément sacré parmi les cultures précolombiennes des Andes, au sens chargé d'idéologie. Ainsi, s'agissant d'un milieu funéraire, le registre archéologique du site La Florida est traversé par une série d'éléments qui reflètent la cosmovision de la culture à laquelle appartenaient les défunts.
La notion de quadripartition par exemple, se trouve représentée à travers la récurrence du motif de la croix représenté sur les plats du mobilier funéraire, ainsi que dans la disposition des défunts du niveau le plus profond de la chambre funéraire. Les jarres sont en outre recouvertes d'hématites, minéraux ferreux d'origine lacustre (ici, Iñaquito très probablement). Pour Molestina, l'origine de ce minéral et son utilisation dans des jarres destinées à des mobiliers funéraires dénotent un sens symbolique lié à la fertilité et au cycle de la vie. En outre, l'emplacement du site La Florida s'expliquerait d'un point de vue symbolique par la caractère sacré de la montagne, résidence des dieux. Plus que de shamans liés à cette ritualité, María del Carmen Molestina préfère parler d'un groupe sacerdotal, notion qui implique une doctrine et une organisation qui d'après elle sont clairement représentées dans le registre archéologique de La Florida. Mention est faite aussi de la relation entre l'aspect religieux de la Florida et les pratiques agricoles des habitants précolombiens du secteur. En effet, la terre qui fut utilisée pour recouvrir les tombes n'est pas la "cangahua" qui prédomine dans les environs du site (terre jaunâtre et stérile), mais plutôt une terre fertile qui semble avoir été amenée d'ailleurs. De fait, les terres agricoles étaient sacrées pour ces cultures.
Par ailleurs, le mobilier funéraire contenait des compotiers et des jarres, parmi lesquels le microbiologiste Javier Carvajal a obtenu un échantillon de levures jusque là inconnues du monde scientifique, qui lui a en outre permis de recréer une "chicha précolombienne", différente de celles que l'on connaît aujourd'hui, en particulier de par son contenu épicé. Il semblerait que le maïs de cette chicha ("jora" de maïs) provenait de Chillo.
Ainsi, la culture qui occupa le site de La Florida rend compte d'une maîtrise totale de son environnement: ses habitants connaissaient parfaitement les lieux les plus adaptés à l’occupation humaine, en particulier face à de possibles menaces naturelles telles que des inondations ou des éruptions volcaniques, et à l'accès aux ressources clé. Parmi l'alimentation de cette culture, figurent ainsi la pomme de terre, les graines de lupin, le "melloco", le quinoa. Le cerf et le cochon d'Inde sauvage étaient également consommés, bien que ces-derniers auraient plutôt fait partie des repas de l'élite. Il n'est pas à exclure que les structures domestiques des habitants de La Florida soient situées plus haut, vers le Pichincha.
D'autre part, dans le musée de site, des échantillons de vases, des fragments de textiles, des jarres, des "cajas de llipta" (récipients associés à la consommation de coca), des tuniques mortuaires en perles, des coquillages... peuvent être observés.
Les mobiliers funéraires de La Florida rendent compte du raffinement technologique atteint par les artisans de l'époque: parmi les textiles, l'on observe par exemple l'usage de divers types de coton et de teintures en fonction de chaque motif représenté.
Molestina avance que les populations qui habitèrent la zone comprise entre le ravin de Rumipamba jusqu'à Nariño conformèrent un seul groupe culturel, raison pour laquelle le Brevet du Roi de 1573 considérait cette région en tant qu'une seule juridiction administrative. Bien que les chroniqueurs mentionnent les noms des cultures Caranqui, Cayambi et Quitu, le registre archéologique rend compte d'une homogénéité culturelle qui encourage l'utilisation du terme "Sierra Nord" en référence à ces manifestations.
Ce qui est certain, c'est que La Florida est un site certainement méconnu de beaucoup à Quito, mais qui est sans aucun doute emblématique pour comprendre notre origine. Curieusement, bien qu'elle soit la capitale de la République, le passé précolombien de Quito et sa région a été relativement peu étudié en comparaison avec d'autres zones du pays (Manabí par exemple). Il est à espérer que les autorités culturelles locales et nationales interviennent afin de promouvoir plus amplement la recherche dans cette région.
Molestina avance que les populations qui habitèrent la zone comprise entre le ravin de Rumipamba jusqu'à Nariño conformèrent un seul groupe culturel, raison pour laquelle le Brevet du Roi de 1573 considérait cette région en tant qu'une seule juridiction administrative. Bien que les chroniqueurs mentionnent les noms des cultures Caranqui, Cayambi et Quitu, le registre archéologique rend compte d'une homogénéité culturelle qui encourage l'utilisation du terme "Sierra Nord" en référence à ces manifestations.
Ce qui est certain, c'est que La Florida est un site certainement méconnu de beaucoup à Quito, mais qui est sans aucun doute emblématique pour comprendre notre origine. Curieusement, bien qu'elle soit la capitale de la République, le passé précolombien de Quito et sa région a été relativement peu étudié en comparaison avec d'autres zones du pays (Manabí par exemple). Il est à espérer que les autorités culturelles locales et nationales interviennent afin de promouvoir plus amplement la recherche dans cette région.
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