miércoles, 4 de julio de 2012

Commémoration historique : 40ème anniversaire de la première commission mixte franco-équatorienne, 1966 – 2006 (Genèse des relations entre la France et l’Équateur) (1ère partie)


Par A. Darío Lara (traduit de l'original en espagnol* par Catherine Lara)

Présentation

Un brillant chapitre de notre histoire diplomatique

Du 23 mai au 3 juin 2006, on célébrera le 40ème anniversaire de la première réunion de la « Commission Mixte Franco-Equatorienne », celle-là même qui, « en raison des projets qui y ont été discutés et des conclusions auxquelles elle a abouti, peut être considérée sans le moindre doute comme la plus importante qui ait jamais existé dans toute l’histoire des relations entre l’Equateur et la France», tel que le reconnurent et affirmèrent à la fin de cette même réunion les Présidents des deux Délégations (cf. annexe n°1).

L’évocation du déroulement des séances qui se déroulèrent au Quai d’Orsay et au Ministère de l’Economie et des Finances, dont le siège se trouvait alors au Quai Branly, nous aidera à mieux comprendre l’importance de cette réunion, au terme de laquelle furent approuvés un Protocole Financier et un Accord Culturel (le premier jamais signé entre les deux nations au cours du 20ème siècle). La Délégation Française, présidée par Monsieur le Ministre Tanguy de Courson de Villeneuve, était composée de huit Directeurs et hauts fonctionnaires appartenant aux deux Ministères, conseillés par deux Ministres Plénipotentiaires et trois directeurs de Départements. La Délégation Equatorienne, présidée par Monsieur l’Ambassadeur Jorge Carrera Andrade, était la moins nombreuse, composée de huit membres, diplomates, fonctionnaires de la Commission du Plan et deux Conseillers Commerciaux.

Il est important de souligner que les documents signés en 1966 venaient réaffirmer l’amitié séculaire qui avait uni la France et l’Equateur, alors que le pays commençait à peine à s’organiser en République indépendante au cours des premières années du gouvernement du Général Flores. Quittant Bogota où il occupait les fonctions de Consul Général et de Chargé d’Affaires et se rendant en Bolivie pour y exercer les mêmes charges, le célèbre diplomate Claude Buchet de Martigny (cf. annexe n°2) suggéra au Ministère français des Affaires Etrangères qu’il pourrait -lors de son passage par l’Equateur-, réaliser une visite à Quito afin d’avoir un entretien avec le Général Flores. Paris accepta pleinement cette suggestion, et c’est ainsi que fut signée, le 8 avril 1834, la première « Convention provisoire souscrite entre Sa Majesté le Roi de France et l’Etat d’Equateur ». Ce document fut signé par Buchet de Martigny et le Ministre des Finances du Général Flores, Juan Garcia del Rio. Cependant, le premier représentant de la France, Jean Baptiste Washington de Mendeville, n’arriva sur le sol équatorien qu’en 1836, en qualité de Consul Général et, plus tard, de Chargé d’Affaires. Le premier représentant de l’Equateur, Modesto Larrea Jijon, fut également désigné en 1836 en tant que Chargé d’Affaires « près les Cours de France, d’Italie et d’Espagne » et le « Traité de Commerce, de Navigation et d’Amitié entre la République de l’Equateur et les Etats de Sa Majesté le Roi des Français » ne fut signé que le 6 juin 1843 entre Monsieur De Mendeville et Monsieur Benigno Malo, Ministre du Géneral Flores.

Cette courte évocation du passé et les documents signés en 1966 viennent confirmer la continuité des étroites relations séculaires de deux pays si éloignés l’un de l’autre par la géographie, mais si unis par des liens d’amitié, depuis l’historique Mission Géodésique du 18ème siècle dont les célèbres membres «découvrirent » pour la France et l’Europe les « terres lointaines de l’Equateur ». Cela sera également l’occasion de rappeler le labeur diplomatique accompli par le Chef de la Mission Diplomatique de l’Equateur, Monsieur Jorge Carrera Andrade, à qui l’on doit pour l’essentiel la mise en place de cette « Commission Mixte » comme je vais le rappeler brièvement ; enfin, ce sera l’occasion de réveiller notre mémoire, qui selon le philosophe Paul Ricoeur est « la faculté qui façonne l’identité des êtres humains tant au niveau personnel qu’au niveau collectif ; c’est la force motrice dans l’histoire de l’Homme et des sociétés humaines...»

La publication des trois volumes de la « Correspondance de Jorge Carrera Andrade avec des intellectuels de langue française » (1), ainsi que les nombreuses études publiées à l’occasion du centenaire de sa naissance, dans lesquelles a été souligné son talent littéraire, ont dans une certaine mesure atténué l’ampleur de son travail accompli en tant que diplomate et serviteur de son pays. Lecteur de Chateaubriand, il n’ignorait pas que le célèbre breton, une fois achevée sa mission d’Ambassadeur à Rome en mai 1829, était persuadé que « dans la postérité l’écrivain éclipserait le diplomate ». C’est ce qui s’est produit avec notre poète. Il est donc naturel qu’en abordant la « Commission Mixte » de 1966 je m’attarde quelque peu pour évoquer son travail en tant que diplomate. Pour résumer les succès obtenus au cours de sa mission comme Ambassadeur à Paris, très exactement entre le 12 septembre 1964, date à laquelle il présenta ses lettres de créance au Général de Gaulle, et le 1er décembre 1966, date de son départ de Paris pour rejoindre le poste de Ministre des Affaires Etrangères auquel il avait été nommé en novembre, il convient de mentionner :

1) Son travail avec la presse.-

Préoccupé par la promotion non seulement intellectuelle mais également économique, commerciale et industrielle de l’Equateur, et face à l’absence de toute documentation, il se chargea activement dès le début de ses fonctions de remédier à cette situation. Suite à la publication de plusieurs articles, comme je l’ai mentionné dans « Jorge Carrera Andrade, mémoires d’un témoin » (volume 2, pages 36 et 63) il initia la préparation d’une petite publication intitulée « Coup d’œil sur l’Equateur, terre de Soleil et d’histoire ! » dont il finança et rédigea – en français bien évidemment - l’intégralité du premier numéro dans lequel il fournissait des informations indispensables au touriste, à l’homme d’affaires et à l’industriel. Par la suite sous le titre « L’Equateur vous attend… » cette petite revue parvint jusqu’au numéro 19 (janvier – mars 1974). Il est curieux de voir que dans ce dernier numéro le magnifique poème de Carrera Andrade « Eloge de l’Equateur », traduit par Paul Verdevoye (2), fut publié en première page. En dépit de ses limites, cette publication joua un rôle admirable et on ne peut que regretter qu’elle n’ait pas connu de suite alors que la situation économique du pays s’est améliorée par rapport à celle qui existait en 1964.

2) Son activité commerciale.-

Grâce à la collaboration d’un compatriote distingué, Monsieur Julio Vinueza Moscoso, fonctionnaire exceptionnel, nommé – cas unique – Conseiller Commercial par le Ministère du Commerce et de l’Industrie de l’Equateur, nous fûmes témoins d’une activité hors du commun pour développer la promotion de l’Equateur dans ce secteur. Personne dotée de rares qualités sociales, Julio Vinueza s’attira la sympathie et l’amitié de quelques membres du Ministère français de l’Economie et des Finances qu’il recevait fréquemment dans son élégante résidence de Neuilly en compagnie de son épouse, femme distinguée de Guayaquil, au cours de brillantes réceptions. Julio Vinueza fut l’un des principaux membres équatoriens de la « Commission Mixte ».

3) La banane équatorienne à Paris.-

Rien d’étonnant donc à ce qu’un certain jour de 1965, grâce à Julio Vinueza , ami personnel de monsieur Luis Noboa, dont il n’est nul besoin de souligner le travail de promotion de la banane, quelques 200 caisses de régimes de bananes équatoriennes spécialement sélectionnés remplirent les bureaux de notre Ambassade ; élégamment décorés, certains avec un bouquet de fleurs et les cartes de visite de l’Ambassadeur et du Conseiller Commercial, ils furent distribués au Palais de l’Elysée, au Général de Gaulle, à tous les Ministères, à de hauts dirigeants de l’économie et du commerce, à plusieurs Chefs de Missions Diplomatiques et aux organes de presse les plus prestigieux de France. On peut sans peine imaginer l’impact sans commune mesure que cette action eut auprès des medias officiels, des cercles d’affaires et des milieux diplomatiques. Durant les semaines et les mois qui suivirent, le thème favori des conversations dans les réunions officielles et privées était l’exceptionnelle qualité de la banane d’Equateur et le délice d’avoir pu la savourer. Notre Ambassade ne reçut jamais autant de courriers élogieux et chaleureux qu’à cette occasion.

Heureuse conséquence, la « Commission Mixte » accorda à l’Equateur un quota annuel de vingt mille tonnes alors qu’à l’époque ses exportations n’atteignaient pas dix mille tonnes. D’autre part lorsqu’une catastrophe frappait les pays producteurs de banane liés à la France, Julio recevait des appels téléphoniques urgents de ses amis en poste dans les ministères qui lui annonçaient qu’en raison des événements survenus dans ses colonies la France accordait un quota exceptionnel à l’Equateur et qu’il devait le remplir. C’est ainsi que grâce aux relations de l’Ambassadeur Jorge Carrera Andrade et du Conseiller Julio Vinueza, la banane équatorienne était abondamment présente sur les marchés français.

4) Quelque chose de plus que tous les Accords.-

Même s’il est vrai que la signature d’un Protocole Financier ouvrait une ligne de crédit pour la Corporación Financiera Nacional (Corporation Financière Nationale), une autre pour la Banco Nacional del Fomento (Banque Nationale pour le Développement) et des « études de faisabilité » de projets ; même s’il est exact que l’Accord culturel signé le 5 juillet, définissait dans ses dix-sept articles une plus grande coopération française pour contribuer à notre développement éducatif, culturel et technique avec par exemple l’augmentation du nombre de bourses, oscillant alors entre trente et quarante, à quatre-vingt bourses ; (aujourd’hui en 2005 quel est le nombre de bourses accordées ?) ; c’est en fait quelque chose de beaucoup plus transcendantal que de simples bons résultats que nous avons obtenu pour l’histoire de l’Equateur.

Grâce aux relations qu’il entretenait avec un illustre personnage des lettres et de la culture françaises de ces années-là, Monsieur Jean Cassou (3), Administrateur Général des Musées de France, grand ami et admirateur enthousiaste de notre poète comme il ressort de la lecture des lettres présentées dans « Correspondance de Jorge Carrera Andrade », (volume 1 ; pages 199 – 202), notre ambassadeur à Paris, Jorge Carrera Andrade, désireux de faire connaître dans cette capitale – ce qui équivalait à les faire connaître du monde entier – les richesses artistiques et historiques de l’Equateur lui suggéra l’idée d’une grande Exposition équatorienne, semblable à celles organisées à cette époque par le Brésil, le Pérou et le Mexique, dans un des hauts lieux culturels de Paris. L’Administrateur Général accepta avec enthousiasme la suggestion de son ami poète ; mais comme chacun sait, disposer de l’un de ces endroits privilégiés requiert une planification à long terme, parfois jusqu’à dix ans dans certains cas. Une fois adoptée l’idée, cette grande Exposition ne put être concrétisée que sept ans après.

C’est ainsi que nous vîmes dans les années 1973-1974 se présenter à Paris la plus grandiose Exposition jamais réalisée au cours du 20ème siècle ; une Exposition Equatorienne sans précédent et il est probable que de nombreuses années s’écouleront avant qu’un tel événement puisse se répéter. Sous le haut patronage des gouvernements français et équatoriens, de Comités représentant les deux pays auxquels appartenaient de nombreux Ministres, ambassadeurs, représentants de la culture et du monde politique, furent présentées les trois Expositions suivantes :

a) Dans le cadre historique et magnifique du Petit-Palais, si bien situé à proximité des Champs Elysées, eut lieu du 17 novembre 1973 à février 1974 l’exposition « Richesses de l’Equateur – Art précolombien et colonial » ; plus de 500 pièces, objets rares, furent présentées dans les vitrines d’une dizaine de salles de ce palais, où quelques semaines auparavant avaient brillé avec éclat des collections du Musée de l’Or de la Banque de Bogota. Cette exposition fut préparée par Hernan Crespo Toral , sous le patronage des Ministères des Affaires Etrangères et de la Culture et d’un Comité qui comprenait outre le Président du Conseil Municipal et le Préfet de Paris, plus de dix ambassadeurs et personnalités du monde de la culture et de la politique d’Equateur et de France.

L’exposition du Petit-Palais fut inaugurée le 17 novembre par Monsieur Maurice Druon, Ministre des Affaires Culturelles, membre de l’Académie française, une des personnalités les plus remarquables de l’histoire de ce siècle puisqu’il fut un des collaborateurs du Général de Gaulle dès les premiers jours suivant l’Appel du 18 juin à Londres en 1940. Le catalogue de cette exposition est un véritable trésor : on peut admirer tout au long de ses 418 pages la beauté de l’impression, la richesse des pièces exposées et les textes qui donnent une merveilleuse idée des « richesses de l’Equateur ».

b) Le jour suivant au Musée d’Art Moderne, près du Trocadéro, aux côtés des œuvres des différentes écoles de la peinture moderne réalisées par Picasso, Rouault, Matisse, Braque, Utrillo, Chagall, Kandinsky et Dufy entre autres, Oswaldo Guayasamin exposa une collection triée sur le volet présentant sa longue et extraordinaire trajectoire artistique, en particulier les tableaux composant « l’Age de la Colère » (« Edad de la Ira »). Cette Exposition provoqua l’admiration des visiteurs dont les commentaires n’étaient que les confirmations d’opinions émises sur la peinture de notre compatriote par d’illustres auteurs dont Asturias et Neruda, et durant l’exposition Jacques Lassaigne, célèbre critique d’art, écrivait : « Cet Age de la Colère est l’œuvre d’un puissant démiurge qui fait défiler devant nos yeux, blessés de stupeur et de honte, les créatures de la terre dont la misère se perd dans la nuit des temps et dont le cri s’élève du plus profond de leurs âmes ».

A plusieurs reprises le peintre accompagna des groupes choisis de visiteurs, comme ce fut le cas le soir où les professeurs de l’Université de Paris X eurent le privilège d’écouter de la bouche même de l’artiste ses explications sur chacun de ses tableaux. En complément de cette exposition fut présenté l’ouvrage magnifique de José Camon Aznar , « Oswaldo Guayasamin » (Editions Poligrafa, S.A., Barcelone) traduit en français par Claude Couffon.

Non content de faire découvrir son travail de peintre, Oswaldo organisa dans une célèbre bijouterie de la plus luxueuse rue de Paris, la rue du Faubourg Saint Honoré, une exposition des ses plus belles et exotiques créations raffinées en or.

c)Finalement la troisième exposition organisée à l’Institut National de Recherche et de Documentation Pédagogique présenta une collection du « Livre Equatorien ». Une première grande exposition, au cours de laquelle avaient été présentés 1101 ouvrages, avait déjà eu lieu en 1962 grâce à la collaboration du Directeur de « l’Institut des Hautes Etudes d’Amérique Latine » de l’Université de Paris ; à cette occasion, selon le catalogue imprimé par la Maison de la Culture Equatorienne (Casa de la Cultura), 1100 titres, œuvres écrites par plus de 600 auteurs équatoriens (4), furent exposés. L’exposition fut inaugurée par le Ministre français de l’Education accompagné par le Président de la Maison de la Culture Equatorienne et un important groupe de personnalités représentant l’éducation et la culture. Ayant été nommé par le Ministère équatorien des Affaires Etrangères « Commissaire Artistique » (Note n° 19/DG/9.3.1973), ce fut pour moi un honneur de me charger de cette exposition ; recevoir un public nombreux et notamment des Professeurs intéressés par notre littérature nationale qui me demandaient des information sur tel ou tel auteur dont ils pourraient recommander la lecture à leurs étudiants.

A la clôture de l’exposition, une partie de ces ouvrages rejoignit la bibliothèque de l’Ambassade d’Equateur à Paris selon une disposition de notre Ministère des Affaires Etrangères ; les livres restants furent répartis entre l’Institut des Hautes Etudes d’Amérique Latine et nos Ambassades de Bonn et Madrid.

Je ne peux omettre de souligner que la réalisation de cette grandiose Exposition sur l’Equateur fut menée à bien grâce à la collaboration non seulement de quelques Equatoriens mais aussi d’illustres Français : Monsieur Gaston Diehl, diplomate, écrivain, critique d’art, grand ami d’Oswaldo Guayasamin et Monsieur Claude Démarigny qui fut diplomate en poste en Equateur, pays auquel il était demeuré très lié.

Les trois expositions auraient dû en principe fermer leurs portes fin décembre 1973 mais face à la demande de nombreuses personnes intéressées, les autorités en charge acceptèrent de les prolonger jusqu’au mois de février 1974 à la grande satisfaction du public qui ne cessa de s’y rendre jusqu’à leur clôture.

La promotion exceptionnelle mise en place en faveur de l’Equateur dans la période des années 1965 – 1975 pourrait être qualifiée, sans crainte d’être démenti, comme la plus brillante qu’ait jamais connu l’Equateur en France. En effet on assista à la multiplication des expositions locales dans plusieurs villes de France. Je citerai les plus importantes : Dunkerque (janvier 1976) ; trois expositions à Paris : à l’Unesco (mai 1977), au Forum de la Défense (octobre 1977) et au Forum des halles (novembre 1981) ; Lille, avec le concours du Maire, Premier Ministre de l’époque, Monsieur Pierre Mauroy (avril 1983).je ne parlerai pas des diverses expositions de nombreux peintres équatoriens au cours de ces années.

Parallèlement on vit se développer à la même époque un intérêt tout particulier de nombreux cinéastes français et de plusieurs membres de la Radio et Télévision Françaises qui, suivant l’exemple du célèbre Christian Zuber (5) décédé ces jours-ci (23 juillet 2005) et auteur de films et d’ouvrages admirables sur les Iles Galapagos, vinrent en Equateur et réalisèrent des documentaires présentant le paysage, les produits et les richesses culturelles du pays. Je citerai les noms de Renée Kammerscheit, Colette Castagno, les époux Luc et Françoise Giard.

Suite à l’Accord Culturel plusieurs colloques ayant pour thème l’Equateur furent organisés. Par exemple celui de Besançon (mai 1975) sur « Juan Montalvo en France » ; celui à l’Université de Paris X (novembre 1985) intitulé « 250 ans de l’expédition de La Condamine et des Académiciens français en Equateur » (6) (1735 – 1985). Ce fut pour moi l’occasion d’évoquer la personne de Pedro Vicente Maldonado et de suggérer pour la première fois qu’un hommage à sa mémoire soit rendu à Paris en plaçant son buste dans un lieu historique et digne comme l’est le Muséum National d’Histoire Naturelle. Et c’est grâce à l’activité admirable du Conseiller de l’Ambassade que fut organisée, cette fois encore à l’Université de Paris X (mars 1995), le Colloque « Hommage à Eugenio Espejo » à l’occasion du bicentenaire de sa mort. C’est également suite à la « Commission Mixte » de 1966 que fut crée en 1972 à l’Université de Paris X le « Centre d’Etudes Equatoriennes » (Centro de Estudios Ecuatorianos) (7) avec la collaboration d’amis distingués et d’admirateurs de l’œuvre littéraire de Jorge Carrera Andrade. Cette initiative mériterait à elle seule un chapitre à part dans l’histoire culturelle de l’Equateur, comme cela a déjà été suggéré dans la « Lettre Informative », la publication du Ministère équatorien des Affaires Etrangères (« Carta de Noticias, n°187, du 11 au 25 septembre 1979).

Il est vrai qu’au cours de presque deux siècles de relations franco-équatoriennes, les démonstrations d’amitié ont été fréquentes : décorations, pose de plaques commémoratives et de statues, visites officielles, y compris les premières visites des présidents respectifs, le Général de Gaulle (septembre 1964) et Rodrigo Borja (février 1991). Cependant de tels actes, même s’ils sont empreints d’une certaine valeur, demeurent finalement des cérémonies passagères d’une durée de quelques jours, ou de quelques heures, et n’ont par conséquent rien de commun ou de comparable avec la transcendance de la « Commission Mixte » de 1966, ni avec ces fameuses Expositions (qui seront difficilement surpassées) ; grâce à la participation des deux gouvernements et des principales autorités des deux pays, ce furent des manifestations du « plus haut niveau » comme il n’y en eut d’autre dans les relations entre les deux nations. C’est également grâce au prestige du plus illustre des poètes équatoriens. Lorsque j’eus l’opportunité en mai 2004 de remettre à Maurice Druon – que j’ai mentionné auparavant – un exemplaire de la revue « Littérature de l’Equateur » (8) publiée au Québec, l’Académicien immortel, avouant dans une lettre très chaleureuse que « c’est avec un très grand intérêt que j’ai appris l’existence de la revue sur la littérature équatorienne », ne manqua pas de faire référence à « l’œuvre de Jorge Carrera Andrade connue dans le monde entier ».

Que l’exemple du fonctionnaire français, qui tout en servant la France se soucia également, dans les premières années de notre vie républicaine, d’associer l’Equateur au concert de la communauté internationale ; mieux encore, que la mémoire de Jorge Carrera Andrade qui, pour le prestige de notre pays, outre les ouvrages de sa plume, les merveilles de sa poésie, ne négligea pas ses autres activités diplomatiques, que le souvenir de ces deux personnalités servent de modèle à ceux qui ont choisi comme profession de veiller aux intérêts nationaux et qu’ils adoptent pour devise celle d’un éminent intellectuel et Premier Ministre de France :

« J’ai cette chance et cet honneur fantastique de servir mon pays. J’en ai rêvé toute ma vie. Je compte bien donner le meilleur de moi-même. »

« Tengo esta suerte y este honor fantástico de servir a mi país. Toda la vida he soñado en ello. Espero bien dar lo mejor de mí mismo. » (Le Figaro, 3.8.2005)



*Lara, Darío, Histórica conmemoración: 40 años de la Primera Comisión Mixta franco-ecuatoriana, 19966-2006, Comisión Nacional Permanente de Conmemoraciones Cívicas. Quito, 2006.

NOTES

(1)3 tomes, N°4, 5 ET 6 de la « Biblioteca del Pensamiento Internacionalista del Ecuador » (Bibliothèque de la Pensée Internationaliste de l’Equateur), A. Darío Lara et Claude Lara, ABYA YALA et AFESE, 2004, Quito- Equateur. Voir la version électronique

(2)Ibidem, Tome III – N°6 ; pages 276-278.

(3)Ibidem, Tome I – N°4 ; pages 199-202.

(4)Ibidem, Tome II – N°5 ; pages 331-332.

(5)« Christian Zuber y el descubrimiento del mundo nuevo » (Christian Zuber et la découverte du nouveau monde), A. Darío Lara, El Comercio, Quito – Equateur, dimanche 13 novembre 1960, « El club conocimiento del mundo » (le club connaissance du monde) A. Darío Lara, El Comercio, Quito – Equateur, dimanche 22 octobre 1961, “Christian Zuber volverá a Galápagos para captar sus maravillas con la cámara” (Christian Zuber retournera aux Galápagos pour en capter les merveilles avec l’appareil photographique), A. Darío Lara, El Comercio, Quito – Equateur, jeudi 30 mai 1963 et « Christian Zuber : mensajero de sueños o la fascinación de las islas lejanas » (Christian Zuber : messager des rêves ou la fascination des îles lointaines) El Tiempo, dimanche 11 mars 1979.

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