Par Catherine Lara*
Au cours de ces derniers mois, le monde du musée ethnographique a connu une véritable petite révolution dans l'un de ses principaux sièges universellement reconnus : Paris. Ainsi, le visiteur équatorien désireux d'admirer la célèbre collection d'objets archéologiques équatoriens réunis par le non moins illustre Paul Rivet, devra désormais délaisser le Musée de l'Homme et diriger ses pas vers l'autre côté de la Seine, vers le tout nouveau Musée du Quai Branly. Inauguré le 20 juin 2006 par le président Jacques Chirac, le Musée du Quai Branly aspire -non sans ambition-, à se poser en tant que vitrine de la multi-ethnicité. Tout au long de l'exposition de plus de 3 600 objets de diverses époques et continents (en grande partie venus du Musée de l'Homme), ce nouveau projet muséographique a pour objectif la conservation et mise en valeur de ce si précieux patrimoine, dans un esprit d'échange et d'ouverture vers l'altérité.
Il est possible que le touriste équatorien venu de si loin sur les traces de Paul Rivet soit un peu déçu : aujourd'hui, le musée du Quai Branly n'expose que trois objets appartenant à la collection équatorienne de Rivet. La plupart des pièces équatoriennes de la collection Rivet se trouvent dans la réserve, accessible sur rendez-vous. Mais aussi bien les objets de la réserve que ceux de l'exposition permanente peuvent être consultés sur le catalogue en ligne.
En effet, les quelques 1 318 pièces photographiées de la collection Rivet peuvent être visualisées sur Internet, sous forme de fiches fournissant des informations descriptives de base (typologiques, chronologiques, géographiques...). Ces pièces sont comme cristallisées dans le temps, et semblent attendre le chercheur qui viendra les sortir de leur profond sommeil. Le visiteur désabusé, -devenu, dans le meilleur des cas, un internaute enthousiaste-, devra, au fil des pages du catalogue en ligne**, se contenter de percevoir de façon fugace le parfum lointain et évanescent des voyages de Paul Rivet en terres équatoriennes.
Il est possible que le touriste équatorien venu de si loin sur les traces de Paul Rivet soit un peu déçu : aujourd'hui, le musée du Quai Branly n'expose que trois objets appartenant à la collection équatorienne de Rivet. La plupart des pièces équatoriennes de la collection Rivet se trouvent dans la réserve, accessible sur rendez-vous. Mais aussi bien les objets de la réserve que ceux de l'exposition permanente peuvent être consultés sur le catalogue en ligne.
En effet, les quelques 1 318 pièces photographiées de la collection Rivet peuvent être visualisées sur Internet, sous forme de fiches fournissant des informations descriptives de base (typologiques, chronologiques, géographiques...). Ces pièces sont comme cristallisées dans le temps, et semblent attendre le chercheur qui viendra les sortir de leur profond sommeil. Le visiteur désabusé, -devenu, dans le meilleur des cas, un internaute enthousiaste-, devra, au fil des pages du catalogue en ligne**, se contenter de percevoir de façon fugace le parfum lointain et évanescent des voyages de Paul Rivet en terres équatoriennes.
Paul Rivet arriva à Guayaquil en 1901, en tant que médecin officiel de la Deuxième Mission Géographique de l'Armée Française, venue pour vérifier les mesures prises en Équateur par la Mission Géodésique Française au XVIIIème siècle. Afin d'optimiser son travail, l'équipe de cette Deuxième Mission se divisa en cinq groupes, qui opérèrent essentiellement dans la Sierra (Tulcán, Quito, Riobamba, Cuenca mais aussi Yaguachi). La diversité écologique et culturelle de notre pays exerça une grande fascination sur le jeune Rivet, et orienta très vite son intérêt vers des domaines quelque peu éloignés de la médecine. Ainsi, au cours de ses voyages à travers l'Équateur, il mena des études botaniques et zoologiques. Mais sa rencontre à Ibarra avec Federico González Suárez, précurseur de l'archéologie équatorienne, et envers qui il garda une éternelle reconnaissance, définit son intérêt pour la culture de l'homme équatorien.
Grâce aux recommandations du "maître", Paul Rivet consacra une attention toute particulière aux coutumes des ethnies qu'il parvint à connaître, mais aussi à leur passé, par le biais de l'exploration de sites archéologiques. Les lieux d'origine des pièces rassemblées par le scientifique reflètent ainsi son parcours à travers notre territoire, ainsi que l'influence de González Suárez: la plupart des pièces proviennent des provinces de Carchi, Cañar et Azuay, bien que les provinces de Pichincha, Chimborazo, Tungurahua, Guayas, Morona Santiago et Napo soient également représentées.
Des années plus tard, après avoir obtenu le poste de Directeur du Musée de l'Homme, Rivet insista sur le besoin de se représenter l'être humain comme un tout. Ce critère a sans aucun doute orienté le choix des pièces archéologiques de sa collection, parmi lesquelles figure un registre céramique abondant et varié (aryballes, poteries tripodes, bols, plats), un riche arsenal de guerre (pierres d'armes à jet, bâtons ou propulseurs, haches), objets décoratifs (« tupus », perles de colliers, ornements de nez, "llautos" ou ornements de couronne), pièces d'ordre rituel ("conopas" [figurines votives], "tumis" [couteaux rituels], "mullu" [perles en coquillage de Spondyle], "tincullpas" [petites plaques en métal souvent utilisées en tant que masques ou pectoraux]), ou encore domestique (aiguilles, mortiers, fusaïoles). Dans son Ethnographie Ancienne de l'Équateur (1912), le chercheur mentionne quelques-unes de ces pièces, tout en signalant cependant ne pas vouloir se consacrer davantage à leur analyse, probablement dans l'attente d'une étude plus approfondie à ce sujet, étude qui -malheureusement- ne fut jamais concrétisé, ce qui est tout à fait compréhensible à en juger par l'immense quantité de matériel scientifique emporté par Rivet d'Amérique du Sud.
L'exploration du mystérieux site archéologique de Paltacalo offrit au Français l'occasion de contribuer à l'anthropologie physique du continent, bien que sa proposition au sujet de l'existence d'une race paléo-sud-américaine ne fut pas retenue. En revanche, l'aspect le plus pertinent de cette exploration est représenté par les pièces céramiques que Paul Rivet a trouvées dans la nécropole, et qui pourraient apporter quelques éclaircissements en ce qui concerne la connaissance du Formatif Initial de la Sierra équatorienne. Les six années que Rivet a passées en Équateur ont mis à sa disposition un corpus d'informations considérable, qui fut peu à peu exploité par le chercheur à travers des publications d'ordre anthropologique, ethnographique, archéologique ou encore lingüistique (pour ne citer que quelques approches). En plus de son Ethnographie Ancienne de l'Équateur citée plus haut, il faut également mentionner L'Origine de l'Homme américain (1943), Les Indiens Colorados, récits de voyages et étude ethnologique (1905), ou La Langue Jíbaro ou Siwora (1909).
*Traduction de l’auteur de l’original en espagnol [Équateur] paru dans Apachita N. 8, Laboratorio de Arqueología/PUCE, Ernesto Salazar Éditeur, pp. 5-6. Quito, novembre 2006.
**Inscrire les termes "Paul Rivet" et "Equateur"
Grâce aux recommandations du "maître", Paul Rivet consacra une attention toute particulière aux coutumes des ethnies qu'il parvint à connaître, mais aussi à leur passé, par le biais de l'exploration de sites archéologiques. Les lieux d'origine des pièces rassemblées par le scientifique reflètent ainsi son parcours à travers notre territoire, ainsi que l'influence de González Suárez: la plupart des pièces proviennent des provinces de Carchi, Cañar et Azuay, bien que les provinces de Pichincha, Chimborazo, Tungurahua, Guayas, Morona Santiago et Napo soient également représentées.
Des années plus tard, après avoir obtenu le poste de Directeur du Musée de l'Homme, Rivet insista sur le besoin de se représenter l'être humain comme un tout. Ce critère a sans aucun doute orienté le choix des pièces archéologiques de sa collection, parmi lesquelles figure un registre céramique abondant et varié (aryballes, poteries tripodes, bols, plats), un riche arsenal de guerre (pierres d'armes à jet, bâtons ou propulseurs, haches), objets décoratifs (« tupus », perles de colliers, ornements de nez, "llautos" ou ornements de couronne), pièces d'ordre rituel ("conopas" [figurines votives], "tumis" [couteaux rituels], "mullu" [perles en coquillage de Spondyle], "tincullpas" [petites plaques en métal souvent utilisées en tant que masques ou pectoraux]), ou encore domestique (aiguilles, mortiers, fusaïoles). Dans son Ethnographie Ancienne de l'Équateur (1912), le chercheur mentionne quelques-unes de ces pièces, tout en signalant cependant ne pas vouloir se consacrer davantage à leur analyse, probablement dans l'attente d'une étude plus approfondie à ce sujet, étude qui -malheureusement- ne fut jamais concrétisé, ce qui est tout à fait compréhensible à en juger par l'immense quantité de matériel scientifique emporté par Rivet d'Amérique du Sud.
L'exploration du mystérieux site archéologique de Paltacalo offrit au Français l'occasion de contribuer à l'anthropologie physique du continent, bien que sa proposition au sujet de l'existence d'une race paléo-sud-américaine ne fut pas retenue. En revanche, l'aspect le plus pertinent de cette exploration est représenté par les pièces céramiques que Paul Rivet a trouvées dans la nécropole, et qui pourraient apporter quelques éclaircissements en ce qui concerne la connaissance du Formatif Initial de la Sierra équatorienne. Les six années que Rivet a passées en Équateur ont mis à sa disposition un corpus d'informations considérable, qui fut peu à peu exploité par le chercheur à travers des publications d'ordre anthropologique, ethnographique, archéologique ou encore lingüistique (pour ne citer que quelques approches). En plus de son Ethnographie Ancienne de l'Équateur citée plus haut, il faut également mentionner L'Origine de l'Homme américain (1943), Les Indiens Colorados, récits de voyages et étude ethnologique (1905), ou La Langue Jíbaro ou Siwora (1909).
*Traduction de l’auteur de l’original en espagnol [Équateur] paru dans Apachita N. 8, Laboratorio de Arqueología/PUCE, Ernesto Salazar Éditeur, pp. 5-6. Quito, novembre 2006.
**Inscrire les termes "Paul Rivet" et "Equateur"
Muchas gracias Catherine por compartir estos datos.
ResponderEliminarGracias a usted también por compartirnos los suyos! ;-)
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