Par Claude Lara, Consul Général de l'Équateur à Montréal [In Magazine Nuit Blanche, febrero del 2004, p.4-5]
La langue française a été et demeure un vecteur fondamental de la diffusion de la littérature équatorienne. Citons en particulier le cas du poète Jorge Carrera Andrade dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance : quatorze de ses oeuvres poétiques ou historiques ont été traduites en français. Rappelons seulement ces quelques mots d'Alain Bosquet (un grand ami également de la poésie québécoise (1) à l'occasion de l'hommage que le Cercle Paul Valéry rendait au poète équatorien à la Sorbonne, en novembre 1952 : «Ce n'est pas en vain que je viens de prononcer les plus grands noms de la poésie de ce siècle. Jorge Carrera Andrade est l'un des deux ou trois poètes vivants qui appartiennent à cette même altitude (2)».
Soulignons qu'en 1951 Jorge Carrera Andrade avait publié l'excellente anthologie Poesía Francesa Contemporánea; 55 poètes de langue française y étaient traduits et présentés par lui.
Pour ses nombreuses traductions et l'ensemble de son oeuvre, il reçut le Prix littéraire de l’île Saint-Louís ainsi que le Grand Prix international de la Société des poètes français. Et, heureuse coϊncidence, en 2004, en Équateur, sera fêté le centenaire d'Alfredo Gangotena, cet écrivain équatorien qui a écrit la plus grande partie de sa poésie en français, une oeuvre qui a suscité l'admiration de Jean Cocteau. « Gangotena, vous avez du génie. C'est quelquefois dommage -toujours merveilleux (3) », et celle d'Henri Michaux, qui écrivit dans la présentation qu'il en fit dans Les Cahiers du Sud:« La plupart des écrivains, avant de les lire vous les connaissez déjà par coeur, vous en avez déjà plein les oreilles de tout ce qu'ils vont vous dire qui a déjà été dit et redit, [...]. Un homme original est très rare. Un poète original, contrairement á ce qu'on pense, l’est beaucoup plus [...]. Alfredo Gangotena est un des rares poètes que j'ai rencontrés qui ne me soit pas apparu comme un être moyen et bâti comme tout le monde (4)».
Disons donc que la littérature équatorienne publiée en français, au XXe siècle a été brillante aussi bien par sa qualité que par sa diversité; et l'avenir semble aussi très prometteur. À l'aube du XXIè siècle espérons qu'une centaine d'auteurs équatoriens seront publiés en français et que nous verrons apparaître les premières traductions québécoises. Nous y travaillons et ce dossier sur la littérature équatorienne en est une première manifestation.
1. Rappelons seulement le livre d'Alain Bosquet: Poésie du Québec, Seghers, París, 1979.
2. Jorge Carrera Andrade-Memorias de un Testigo, A. Darío Lara, tome l, Casa de la Cultura Ecuatoriana, Quito, Ecuador, 1998, p. 220.
3. Alfredo Gangotena - poèmes français, recueillis et présentés par Claude Couffon, « Orphée », La Différence, 1991, p. 18.
4. Alfredo Gangotena - poèmes français II, édition établie par Claude Couffon, « Orphée », La Différence, 1992, p. 12.
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